Le ministre allemand de l’intérieur et de la patrie, Horst Seehofer (CSU), et le chef du groupement régional de la CSU au Bundestag, Alexander Dobrindt, le 26 juin à la chancellerie, à Berlin. / BERND VON JUTRCZENKA / AFP

L’accord européen obtenu dans la nuit de jeudi 28 au vendredi 29 juin suffira-t-il à calmer la crise entre les deux partis conservateurs allemands, l’Union chrétienne-sociale (CSU) et l’Union chrétienne-démocrate (CDU), en lutte frontale depuis deux semaines sur la question migratoire ? A la CSU, le parti bavarois à l’origine de la fronde contre la chancelière Angela Merkel et son parti, la CDU, les responsables ont apparemment choisi de calmer la fronde.

Horst Seehofer, ministre de l’intérieur et de la patrie, en première ligne dans la fronde contre Angela Merkel sur la question migratoire, ne s’est pas exprimé vendredi sur l’issue du sommet. Mais il a laissé parler à la télévision un de ses lieutenants, Hans Michelbach, membre du directoire de la CSU, qui a qualifié de « signal positif » l’accord obtenu par les pays européens. « On peut se réjouir de constater que c’est une voie commune européenne en matière de politique d’asile qui va dans le bon sens », a-t-il déclaré au micro du « Morgenmagazin », l’émission matinale de la chaîne publique ARD, vendredi matin.

« La question est de savoir ce que cela implique pour les frontières nationales et l’accueil (des migrants) actuellement et dans les prochains mois », a-t-il déclaré, sans préciser la position de Horst Seehofer. Le ministre de l’intérieur avait menacé de renvoyer aux frontières allemandes tout demandeur d’asile déjà enregistré dans un autre pays. Autrement dit, une option nationale et non européenne sur la question – une extrémité qu’Angela Merkel voulait à tout prix éviter, et qui aurait signifié une rupture majeure au sein de la coalition au pouvoir à Berlin. Il a précisé que les deux dirigeants devaient se rencontrer dans les deux jours.

« Un grand pas en avant »

Un autre signe d’apaisement de la part de la CSU est venu de Manfred Weber, président du groupe parlementaire du Parti populaire européen à Strasbourg et vice-président de la CSU. « Le sommet européen a permis de faire un grand pas en avant dans l’amélioration de la politique migratoire. L’UE montre sa capacité d’action, y compris parce que la CDU et la CSU ont fait pression ensemble sur ce dossier », a-t-il déclaré.

A la CSU, plusieurs responsables ont plaidé ces derniers jours pour la fin des hostilités entre les deux partis. « Nous ne voulons pas de scission entre la CDU et la CSU. Nous sommes convaincus du bien-fondé de la bonne et étroite collaboration avec notre formation-sœur, que nous voulons poursuivre dans l’avenir, et nous ne souhaitons pas la fin du gouvernement », a déclaré mardi Joachim Herrmann, ministre de l’intérieur de la région Bavière.

Ce ton modéré est à mettre en perspective avec un sondage récent qui tend à montrer que la ligne dure adoptée par la CSU n’est pas payante électoralement, alors qu’un scrutin régional doit avoir lieu en Bavière le 14 octobre. Cette enquête, menée par l’institut Forsa et publiée lundi 25 juin, montre que la population bavaroise accorde à Angela Merkel un crédit plus important (43 %) qu’au ministre président de Bavière, Markus Söder, qui n’arrive qu’à 38 % d’opinions positives. Selon ce sondage, la CSU n’obtiendrait que 40 % si les élections avaient lieu dimanche. Ce serait 7,7 % de moins qu’aux élections de 2013, et pire qu’en 2008, où la CSU avait essuyé une débâcle, à 43,4 % des voix. Selon la chaîne régionale Bayerische Rundfunk, cette enquête d’opinion a eu sur les responsables de la CSU l’effet d’une douche froide. « Il faut évidemment prendre ces chiffres au sérieux », a déclaré Ilse Aigner, une des responsables de la CSU.