LE TSAR DU JOUR

Dans ces derniers matchs, on a moins compté les buts que les cartons. A la 74e minute du match entre le Sénégal et la Colombie, les deux équipes étaient qualifiées pour les huitièmes de finale. Sénégalais et Colombiens faisaient un match nul à Samara et, loin de là, à Volgograd, le Japon perdait contre la Pologne. C’est à ce moment que le défenseur colombien Yeri Mina s’éleva pour dévier un corner de Juan Quintero dans les cages sénégalaises. La Colombie passe alors en première place du groupe H, et le Sénégal à la troisième. Le Japon, malgré sa défaite du jour, termine à la deuxième place qualificative. Les choses en resteront là aux deux coups de sifflet finaux.

Le carton de trop. / Themba Hadebe / AP

Le Japon et le Sénégal étaient à une égalité parfaite après trois matchs : quatre points, quatre buts marqués, quatre buts encaissés et un match nul (2-2) lors de leur confrontation directe. Ce qui a envoyé les Japonais, et non les Sénégalais, en huitièmes de finale a été le nombre de cartons jaunes. Le Sénégal en avait accumulé six depuis le début du Mondial, et le Japon quatre. La décision, une première dans l’histoire de la Coupe du monde, peut paraître cruelle, mais elle est conforme au nouveau règlement de la FIFA. Ces deux cartons qui ont coûté la qualification, les Lions de la Teranga les avaient reçus dans les arrêts de jeu de leur match nul contre les Nippons.

« On ne peut pas toujours maîtriser. (…) Ça fait partie du jeu, mais c’est cruel de passer à côté pour un nombre important de cartons jaunes », a résumé le défenseur Lamine Gassama. « Je trouve que c’est une injustice, ce n’est pas normal qu’on se fasse éliminer comme ça », a ajouté son coéquipier Alfred N’Diaye. Pour la première fois depuis 1982, aucune équipe africaine n’a passé la phase de poules d’un Mondial. Le sélectionneur du Japon, Akira Nishino, pourrait se sentir en partie responsable de cela. Il n’en est rien. Il assume d’avoir demandé à ses joueurs de ne plus jouer pendant les vingt dernières minutes de son match, sachant qu’il était qualifié à la différence de cartons jaunes.

« J’ai décidé de garder le statu quo dans notre match et de miser plutôt sur l’autre match. C’était difficile (…). La situation m’a forcé à prendre cette décision. »

LA MÈRE PARTIE

Avant le passage une Coupe du monde à 48 équipes, prévu par la FIFA à partir de 2026, la phase de poules de cette édition à 32 a pris fin. Pour la première fois en deux semaines, il n’y aura pas de match, vendredi 29 juillet, ce qui laisse le temps aux qualifiés, et à certains éliminés, de réfléchir, se souvenir et faire appel aux statistiques.

C’est le cas pour la France, qui retrouve l’Argentine en huitièmes, le 30 juillet à 16 heures. La dernière fois que les deux équipes se sont mesurées dans un Mondial remonte à 1978. Dans un tournoi organisé en grande pompe par la dictature argentine, les Bleus perdaient contre l’Albiceleste (2-1) à Buenos Aires, au premier tour. Les souvenirs des acteurs de l’époque se mêlent forcément aux attentes de ceux-ci. Bernard Lacombe, qui y était, raconte :

« Je me souviens de notre entrée sur le terrain. Il y avait une trappe pour accéder au terrain et un type avait ouvert le volet pour nous laisser passer. 100 000 spectateurs, avec les papelitos. Ils étaient en transe. Le stade semblait bouger et cela donnait des frissons. »

Brésiliens et Mexicains se sont plongés dans les anciennes compétitions pour se rappeler qu’elles étaient les deux seules équipes à systématiquement passer la phase de poules depuis 1994. Les Brésiliens ajoutent qu’ils sont ensuite toujours arrivés jusqu’aux quarts, les Mexicains évitent de dire qu’ils ne les ont jamais atteints.

Les Anglais vont encore bien plus loin : ils notent qu’en 1966, année de leur seul titre mondial, le Real Madrid avait gagné la Ligue des champions, Chelsea avait fini 5e du championnat et Burnley s’était qualifié pour des matchs européens. Autant de choses qui sont, aussi, arrivées en 2018.

Les Allemands, sortis et humiliés, se raccrochent au futur. Leur sélectionneur, Joachim Löw, venait d’être prolongé jusqu’à 2022. Mais à la suite de leur élimination, le président de la Fédération allemande, Reinhard Grindel, a tenu à préciser que son futur sera décidé dans les prochaines semaines.

AU PAYS DE VLAD

Les couleurs sur la peau. / Moises Castillo / AP

Le Mexique était dans le collimateur de la FIFA pour des chants de supporteurs jugés homophobes. Quand un gardien de but adverse s’apprête à dégager la balle au pied, certains Mexicains entonnaient un « Ehhhhhhh » en faisant bouger leurs doigts et, dès que la balle est frappée, ils crient « puto ». En espagnol, le mot se traduit littéralement par « prostitué masculin », et il est largement utilisé comme une insulte homophobe.

Depuis une nouvelle amende de la FIFA, après la victoire contre l’Allemagne, et des menaces de sanctions plus lourdes, les Mexicains ont laissé tomber cette tradition critiquable. Mais pas totalement. Ils continuent à faire le « Ehhhh » quand le gardien adverse va dégager, mais ils le terminent en chantant le refrain du crooner local Luis Miguel.

L’ŒIL DE MOSCOU

« S’il est vrai que le peuple dit qu’il faut toujours avoir un œil sur l’âne et
un autre sur le gitan, il est aussi vrai que les voix de l’âne n’arrivent au ciel. »

L’ailier portugais Ricardo Quaresma répondait ainsi à son ancien entraîneur et compatriote, Carlos Queiroz. L’entraîneur portugais de l’Iran était en colère après que Quaresma l’a accusé de ne pas avoir respecté les Portugais après le match.

KOMINTERN

La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.

Autant prendre de l’avance, se disent les organisateurs de la Coupe du monde en 2022, en proposant aux visiteurs de leur pays de « ne jamais manquer un moment de célébration » de cette édition. « Fan-zones interactives au cœur de l’aéroport » ou « hotspots culturels » vous accueilleront, dans l’optique, bien entendu, « de renforcer nos capacités communes avant que d’accueillir la Coupe du monde de la FIFA en 2022 ». N’oublions pas le copyright (©).

POUCHKINE BALL

La Gazette est toujours poète. Aujourd’hui, des mots d’Alexandre Pouchkine pour le Brésilien Marcelo, vraisemblablement blessé en dormant sur un lit russe.

CLOTILDE : « Ne peut-on gracier ce pauvre homme ? Il est déjà suffisamment puni, par sa blessure et par la peur de la potence.
ROTENFELD : Le gracier ? Mais vous ne connaissez pas le bas peuple. Si on n’inspire pas à ces gens-là une sainte frousse et si on épargne leur meneur, demain, ils se révolteront à nouveau… »

Alexandre Pouchkine – Boris Godounov

RUSSIA TODAY

Pas de match aujourd’hui.

Notre sélection d’articles pour suivre la Coupe du monde 2018

Retrouvez les contenus de référence du Monde.fr sur la Coupe du monde de football en Russie (du 14 juin au 15 juillet) :

Toutes nos vidéos :