Alors que, en Iran, des commerçants manifestent contre la dévaluation drastique de la monnaie nationale et que les pressions américaines s’accentuent, des voix s’élèvent contre la politique économique du président modéré Hassan Rohani. Dans un geste inédit, 187 députés, soit les deux tiers du Parlement, lui ont demandé de remanier son équipe économique, qui, selon les signataires, « n’a pas la capacité de gérer la situation actuelle du pays ».

Des parlementaires, certains appartenant au camp du président, demandent le départ des ministres de l’économie, de l’agriculture, du travail et du gouverneur de la banque centrale.

Quelques heures après leur appel, le président Rohani a annoncé, lors d’une intervention retransmise à la télévision nationale, qu’il ne quitterait pas le pouvoir. « Nous ne céderons pas face aux Etats-Unis. Nous préserverons notre fierté nationale et historique et ferons plier l’Amérique », a annoncé le président Rohani, qui appelait à l’unité nationale.

Manifestants menacés de mort

Alors que, début mai, Washington est sorti, unilatéralement, de l’accord sur le dossier nucléaire de Téhéran – signé avec les grandes puissances, en juillet 2015 –, l’instauration à venir de nouvelles sanctions américaines déstabilise encore plus l’économie iranienne. Mardi 26 juin, en effet, les Etats-Unis ont demandé à tous les pays d’arrêter d’ici au 4 novembre leurs achats de pétrole iranien, première source de revenus pour le pays.

Entre le 24 et le 26 juin, des commerçants du Grand Bazar de Téhéran ont fait grève contre la hausse vertigineuse des prix des devises étrangères. Le centre de la capitale a parfois été le théâtre d’affrontements avec les forces de l’ordre. Certains manifestants ont été arrêtés et dans le but de couper court à toute autre protestation, la justice iranienne a menacé de « mort » tous ceux qui « sèment le trouble dans l’économie du pays ».

Mercredi dernier, sur le marché non officiel, le dollar s’échangeait à 80 000 rials, contre 45 000 en février, soit une hausse de 77 %. Sur le marché officiel, le taux fixé par le gouvernement était de 42 540 rials pour un billet vert, mais seuls ceux qui ont la permission de l’Etat peuvent en bénéficier. Les Iraniens voyageant à l’étranger, eux, ne peuvent acheter qu’une fois par an entre 500 et 1 000 euros au taux officiel. Selon la banque centrale, entre le 22 mai et le 21 juin, les prix à la consommation ont connu leur plus faute hausse en trois ans : + 13,7 % en rythme annualisé.