A gauche toute. Dans un discours d’environ une heure, Benoît Hamon a éclairci le positionnement de son mouvement, Génération. s, qui fête son premier anniversaire dimanche 1er juillet. « Si l’on vous demande comment résumer Génération.s, vous pouvez répondre trois jolis mots trop souvent malmenés : “Génération.s c’est l’Ecologie, l’Europe, l’Egalité” », a ainsi lancé l’ancien candidat à la présidentielle devant environ 1 500 mililtants qui avaient fait le déplacement à Grenoble. Durant tout le week-end, l’ambiance a été studieuse, les statuts ont été adoptés et les deux coordinateurs, Guillaume Balas, eurodéputé et Claire Monod, conseillère régionale d’Ile-de-France, qui vient d’Europe-Ecologie Les Verts, ont été élus.

L’essentiel de ses attaques ont été réservées au gouvernement et à Emmanuel Macron. M. Hamon a renvoyé, à plusieurs reprises, dos à dos, « ultra libéralisme » et l’extrême droite, comme deux faces d’une même médaille, notamment à propos de la politique vis-à-vis des migrants. Ce sujet a d’ailleurs occupé une bonne partie du discours, l’ancien socialiste faisant respecter une minute de silence après avoir rappelé le nombre des 34 361 migrants morts en tentant de rejoindre l’Europe, publié le 20 juin dans le quotidien britannique The Guardian. « La question des migrants est un révélateur de l’époque et de nous-même, a estimé l’ex frondeur. C’est un révélateur de cette Europe qui n’a plus d’Union que le nom, où le fasciste Salvini et l’ultralibéral Macron se rejettent les 600 passagers de l’Aquarius comme de sinistres négociants rejetteraient une marchandise avariée. »

Hamon veut obtenir le statut de premier opposant

Benoît Hamon met ce sujet au cœur de sa réflexion sur ce que doit être une « nouvelle gauche écologique et humaniste ». « Je veux m’adresser à toutes celles et ceux qui se sentent orphelins de la gauche, qui s’étaient égarés et se réveillent groggy », a-t-il expliqué.

La stratégie est claire : M. Hamon veut apparaître comme « l’anti-Macron », celui dont le mouvement sera « l’antidote à la peste néolibérale et à la lèpre nationaliste à la fois ». Pour cela, il doit disputer le statut de premier opposant à Jean-Luc Mélenchon. Benoît Hamon doit donc devenir hégémonique dans la gauche social-démocrate et écologiste, et faire « l’unité » autour de lui. Chose difficile puisque Europe-Ecologie Les Verts ferme la porte − pour l’instant − à toute liste commune avec Génération.s pour les élections européennes de mai 2019.

Si M. Hamon a plutôt épargné Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, il ne s’est donc pas privé d’attaquer EELV et surtout Yannick Jadot. Sans nommer celui qui s’était désisté pour lui à l’élection présidentielle de 2017, Benoît Hamon a raillé ceux qui prononcent « des excommunications, des fins de non-recevoir, des déclarations d’incompatibilité en tous genres (…) les stratégies inavouables d’acteurs minuscules. » Et d’ajouter : « Le repli identitaire est le danger de notre époque. Un danger mortel pour la gauche et l’écologie politique. »

Macron et le patronat taclés

Si EELV et Génération.s sont en froid, Benoît Hamon a voulu montrer sa capacité à attirer de nouvelles figures autour de lui, comme Aymeric Caron. Le journaliste antispéciste avait fait le déplacement à Grenoble et s’est dit prêt à discuter avec lui pour les élections européennes.

Surtout, il faut noter la tonalité très à gauche du discours de l’ancien rocardien. Il a ainsi cité Guy Debord, s’est réclamé à la fois entre autres d’Occupy Wall Street et de Jaurès, du mouvement Balance ton porc, du Front Populaire, de Nuit Debout ou encore de Black Lives Matter. « Vous êtes les 99 %, vous pouvez être fiers, vous pouvez redresser la tête ! », a-t-il lancé.

Revenant à Emmanuel Macron « et sa caste », Benoît Hamon a pris des accents très offensifs : « Et j’ai bien peur que, si à l’Elysée on est très fier de communiquer sur le chien Nemo, M. Trump lui, ait choisi d’appeler son animal de compagnie Jupiter ». Puis rappelant la dénonciation de « l’assistanat » par le gouvernement : « C’est leur mot préféré, ce sale mot d’assistanat. Mais est-ce que quand le patron de Carrefour part avec des millions, en supprimant des milliers de postes et en se gavant de CICE, nous parlons, nous de “parasitanat” ? Est-ce que nous parlons de super-profitanat ? De fraude fiscalanat ? ». Avant de conclure : « Tout ça rime quand même terriblement bien avec patronat, n’est-ce pas ? ».