Dans un bureau de vote à Chimalhuacan, en banlieu de Mexico, le 1er juillet. / GUSTAVO GRAF / REUTERS

Les Mexicains ont commencé dimanche 1er juillet à voter pour choisir leur président, dans un pays en proie à la violence du narcotrafic et où le grand favori du scrutin, le candidat de gauche Andrés Manuel López Obrador, promet un « changement radical ».

Tout sourire et faisant le V de la victoire avec ses doigts, AMLO, comme il est surnommé en raison de son acronyme, est arrivé à son bureau de vote avant même l’ouverture, qui a eu lieu à 15 heures, heure de paris.

« C’est un jour historique, le peuple mexicain va décider librement qui doit diriger le gouvernement ces six prochaines années. Nous représentons la possibilité d’un changement véritable, d’une transformation, c’est pourquoi ce jour est important », a-t-il déclaré à la foule de journalistes venus l’attendre.

Le candidat à la présidentielle Andrés Manuel López Obrador lors de son arrivée au bureau de vote à Mexico le 1er juillet. / CARLOS JASSO / REUTERS

AMLO, 64 ans, se présente comme le candidat anti-système et anti-corruption, voulant chasser « la mafia du pouvoir ». Après deux précédents échecs, il est cette fois crédité de plus de 20 points d’avance dans les sondages sur ses adversaires.

Derrière lui dans les sondages, on trouve le jeune conservateur Ricardo Anaya, 39 ans et à la tête d’une coalition de droite et de gauche (formée par le PAN, le PRD et le Movimiento Ciudadano), se voulant davantage inspiré par la Silicon Valley que par les vieux caciques de la politique mexicaine.

Il devance José Antonio Meade, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, droite), un indépendant choisi par le parti au pouvoir, classé seulement troisième en raison de l’image de corruption et clientélisme de ce parti.

Ras-le-bol

López Obrador a su capitaliser sur le ras-le-bol des Mexicains après un mandat de Peña Nieto marqué par la corruption et des violations des droits de l’homme. Si les pronostics se confirment, les élections marqueront un tournant dans la vie politique mexicaine. « Ce qui est sûr c’est que le système des partis traditionnels s’est vu ébranlé par la poussée du Morena », le parti d’Andrés Manuel López Obrador, analyse Duncan Wood, directeur de l’Institut du Mexique au Centre Woodrow Wilson.

Le favori de la présidentielle a fait de la lutte contre la violence et la corruption ses priorités. L’ancien maire de Mexico (2000-2005) promet de faire reculer la pauvreté qui alimente les cartels et combattre la corruption pour financer des programmes sociaux. Il propose un « gouvernement austère, sans luxe ni privilèges », qui réduira de jusqu’à 50 % les salaires des hauts fonctionnaires, dont le sien.

Une campagne électorale sanglante

En plus du mandat présidentiel, les 89 millions d’électeurs mexicains renouvellent plus de 18 000 mandats, dont les sièges de 500 députés et 128 sénateurs, ainsi que de nombreux postes régionaux ou locaux.

La campagne électorale aura été « la plus sanglante » de l’Histoire du Mexique, avec au moins 136 assassinats d’hommes politiques - dont 48 candidats ou pré-candidats - selon le cabinet d’études Etellekt. La violence est telle que beaucoup de Mexicains craignent de se rendre aux urnes.

Quelque 100 000 Mexicains de l’étranger, dont 77 % aux Etats-Unis, ont par ailleurs fait parvenir leur vote, a précisé l’Institut électoral national (INE), une participation infime au vu des plus de 12 millions de Mexicains expatriés, à plus de 93 % aux Etats-Unis. Les premiers résultats officiels sont attendus vers 6 heures lundi.