Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi lors d’une cérémonie militaire, à Paris, le 26 novembre 2014. / Charles Platiau / REUTERS

Dans un rapport commun de 64 pages, lundi 2 juillet, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), le Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS), la Ligue des droits de l’homme (FDH) et l’Observatoire des armements (Obsarm) assurent que « l’Etat français et plusieurs entreprises françaises ont participé à la sanglante répression égyptienne des cinq dernières années ».

Paris a livré au Caire des armes de guerre – les ventes sont passées, de 2010 à 2016, de 39,6 millions à 1,3 milliard d’euros selon les ONG – mais aussi les logiciels et le matériel informatique permettant « la mise en place d’une architecture de surveillance et de contrôle orwellienne, utilisée pour briser toute velléité de dissidence et de mobilisation ».

Le rapport cite notamment « des technologies de surveillance individuelle, d’interception de masse, de collecte des données individuelles et de contrôle des foules (…) qui ont conduit à l’arrestation de dizaines de milliers d’opposants ou de militants ».

« Cessation immédiate de ces exportations mortifères »

« Si la révolution égyptienne de 2011 avait été portée par une génération Facebook ultra-connectée ayant su mobiliser les foules, la France participe aujourd’hui à l’écrasement de cette génération via la mise en place d’un système de surveillance et de contrôle visant à écraser dans l’œuf toute expression de contestation », accuse Bahey Eldin Hassan, directeur du CIHRS.

Les ONG rappellent que, le 21 août 2013, le conseil des affaires étrangères de l’Union européenne (UE) déclarait que « les Etats membres ont décidé de suspendre les licences d’exportation vers l’Egypte de tous les équipements qui pourraient être utilisés à des fins de répression interne ».

« Au moins huit entreprises françaises, encouragées par les gouvernements successifs, ont au contraire profité de cette répression pour engranger des profits records », accusent les ONG. Elles réclament « aux entreprises et aux autorités françaises la cessation immédiate de ces exportations mortifères » et demandent « la mise en place d’une enquête parlementaire sur les livraisons d’armes à l’Egypte depuis 2013 ».