Un déferlement de messages de haine : c’est ce qu’a subi la journaliste Nadia Daam en novembre, après une chronique diffusée sur Europe 1 dans laquelle elle prenait la défense de deux féministes harcelés en ligne. Mardi 3 juillet, deux de ses harceleurs présumés sont jugés devant le tribunal correctionnel de Paris, l’un pour « menace de mort » et l’autre pour « menace de commettre un crime ».

Tout a commencé par une chronique, diffusée sur Europe 1 le 1er novembre 2017. L’affaire Weinstein a éclaté quelques semaines plus tôt, et le mot-clé #BalanceTonPorc, lancé dans la foulée sur les réseaux sociaux, fait prendre conscience au monde entier de l’ampleur du harcèlement sexuel.

En France, deux jeunes militants féministes, Clara Gonzales et Elliot Lepers, décident de réagir, à leur échelle. Ils lancent un numéro « antirelous », que les femmes peuvent donner pour se débarrasser des hommes trop insistants. Très vite, ils se retrouvent pris pour cibles d’une vaste campagne de harcèlement, notamment orchestrée par des membres du forum 18-25 de Jeuxvideo.com, l’un des plus actifs en France.

Sept personnes repérées

Dans sa chronique matinale intitulée « Coup de patte », Nadia Daam consacre deux minutes et vingt-sept secondes à cette affaire. D’un ton incisif, elle qualifie l’ensemble de « bêtise crasse » et le forum de « poubelle à déchets non recyclables d’Internet ». Une chronique remarquée par les « kheys » – la façon dont se désignent les utilisateurs du forum – dont certains décident de prendre pour cible la journaliste, sur le forum mais aussi sur d’autres plateformes comme Twitter ou Discord. Menaces de mort, de viol, menaces contre son enfant, injures et même tentative d’intrusion nocture à son domicile… Face à ce déchaînement de violence, Europe 1 décide de porter plainte.

L’enquête a permis d’identifier sept auteurs présumés, dont deux sont jugés ce mardi à Paris. L’un d’eux pourrait être l’auteur d’un photomontage mettant en scène la journaliste sur le point de se faire décapiter par l’organisation Etat islamique. Après avoir initialement été programmée début juin, l’audience avait été reportée au 3 juillet à la demande des avocats de la défense, qui disaient ne pas avoir obtenu de copie du dossier.

« Quatre autres [auteurs présumés] doivent être jugés par des tribunaux en province et un mineur a eu un rappel à la loi », a précisé à l’Agence France-Presse Eric Morain, l’avocat de Nadia Daam.