Le tsar du jour

On vous le ressort, le cliché du coaching gagnant ? Allez, on vous le ressort. 65e minute : la Belgique, grande favorite contre la sélection japonaise, est menée 0 à 2 à la surprise générale. C’est le moment que choisit Roberto Martinez, le coach espagnol des Diables rouges, pour remplacer Dries Mertens et Yannick Carrasco par Marouane Fellaini et Nacer Chadli. Trente minutes plus tard, ses protégés arrachent la qualification 3 à 2, grâce notamment à… un but chacun de Fellaini et Chadli.

« Bon, tu me prends ça, tu le passes à ton copain, et vous marquez, ok ? Pas d’histoire, il y a Plus belle la vie sur RTBF2 à 23h, hors de question que je rate le début ». / MURAD SEZER / REUTERS

Ce qui pourrait n’être qu’une coïncidence en dit beaucoup sur les progrès effectués par la sélection belge depuis son élimination surprise en quarts de finale de l’Euro 2016 contre le Pays de Galles, dans un match au cours duquel les Belges n’avaient jamais semblé en mesure de se révolter. Nommé dans la foulée et auteur d’un quasi sans faute (17 victoires et 1 seule défaite en 23 matchs), le technicien catalan de 44 ans, a su redonner de la confiance à une formation blessée et impliquer chacun. Souvent fustigée pour son manque de mental, elle a cette fois su réagir avec engagement et intelligence à un scénario très mal embarqué, en jouant sur la polyvalence, la complémentarité et la détermination de ses joueurs.

C’est la victoire d’un entraîneur méconnu du grand public, passé par Wigan et Everton, des seconds couteaux de la Premier League anglaise. Et c’est peut-être sa force : il a longtemps été plus habitué à tirer le meilleur de footballeurs laborieux qu’à manager une constellation de talents comme la sélection belge actuelle. Mais ce n’est pas plus mal : il lui a transmis son goût de la sueur et la solidarité.

« La Coupe du monde ne respecte pas les individualités, ou les grands talents, seulement les équipes qui travaillent dur en tant que groupe et qui ont une mentalité de gagnant », prévenait-il après la victoire 1-0 contre l’Angleterre dans le troisième match de poule, une rencontre dans laquelle il avait déjà fait largement tourner les effectifs, tout en réussissant à s’imposer. Son équipe est désormais opposée au Brésil du virevoltant et très roulant Neymar, et l’ancien coach de Wigan, qu’il a sauvé plusieurs fois de la relégation, ne va pas se démonter pour si peu.

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Du côté de chez Vlad

Bien sûr, quand on est supporteur de la Russie, après la qualification inespérée de la Sbornaïa face à l’ancien champion du monde espagnol, dimanche 1er juillet (1-1, 4-3 aux tirs au but), l’envie de célébrer la qualification de manière spectaculaire est compréhensible. Mais comment ? Escalader un lampadaire ? Trop commun. Sauter dans une fontaine municipale ? Déjà vu. Faire du trampoline sur une voiture de police ? Voilà qui commence à devenir un peu plus esthète. Un peu trop, d’ailleurs, au goût desdits usagers du véhicule, qui ont exprimé leur mécontentement poli à grands coups de matraque. On attend le verdict de la VAR, mais vu d’ici, il y a pénalty pour ce pauvre supporteur.

L’œil de Moscou

Amateurs de gestes techniques : on connaissait la roulette de Zidane, il faudra désormais compter avec la roulade de Neymar. La star auriverde aux dribbles chaloupés s’impose chaque jour un peu plus comme l’objet des plus viles (et donc des plus drôles) moqueries d’Internet, en raison de sa propension à se jeter à terre et faire le hérisson tombé d’un toboggan au moindre contact. Comme après que Layun a accidentellement confondu sa cheville avec un paillasson.

A sa décharge, l’attaquant du PSG, auteur d’un but et d’une passe décisive, a déjà fait l’objet de 22 fautes depuis le début du Mondial, le record. Mais sa manière d’exprimer à chaque fois sa douleur, que l’on ne se permettra pas de contester, est un poil spectaculaire, et a fatalement suscité quelques légers détournements.

La mère partie

Mardi 20 heures, les amateurs de boissons chaudes saliveront naturellement sur l’opposition à l’Otkrytie Arena de Moscou entre les Cafeteros colombiens et les buveurs de thé anglais. Ceux qui s’intéressent un peu plus au ballon rond suivront surtout le duel à distance entre deux des avants-centres star de cette compétition, l’insatiable Radael Falcao (30 buts en 77 sélections) et le TGV Harry Kane (déjà 18 en 26 capes), actuel meilleur réalisateur de la compétition avec 5 pions.

« Et alors là tu vois, je m’imagine une pomme sur la tête du gardien colombien, et paf, j’y mets un retourné en plein dedans. L’objectif, c’est de faire trembler son épi. » / PAUL ELLIS / AFP

Le match sera teinté d’enjeu. Jusqu’à l’édition brésilienne de 2014, la Colombie n’avait jamais franchi les poules, en quatre participations, et voilà que les partenaires du subtil milieu James Rodriguez, incertain pour la rencontre, peuvent viser un second quart d’affilée. De son côté, l’Angleterre, codétentrice record du nombre d’éliminations en quart de finale (3), fera tout pour avoir l’occasion d’améliorer sa marque.

Komintern

La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.

On a beaucoup vu passer le mot Schadenfreude pour exprimer, dans la langue de Rüdi Voller qui plus est, l’exquis plaisir qu’ont pris certains à voir la Mannschaft se planter. Certains communiqués de presse vont un peu plus loin encore, en tentant même de surfer sur l’élimination allemande pour faire parler de leur produit. Mention spéciale à cette marque de location de véhicule à quatre roues, qui s’exclame dans un mail étrangement enthousiaste : « Chers fans de la Mannschaft, consolez-vous avec une sélection allemande qui tient la route. Louez nos [tutures à quatre roues] sur [site commerçant] ! » On tremble d’avance à l’idée de recevoir des e-mails promotionnels pour des flacons de parfum, des cubis de vin de terroir ou des sandwichs jambon-beurre en cas d’élimination française vendredi contre l’Uruguay.

Pouchkine ball

La Gazette est toujours poète. Aujourd’hui, des mots d’Alexandre Pouchkine, tout chagrinou pour le Japon, qui lui rappelait les Olive & Tom de son enfance.

Vous avez fui, jours d’allégresse,
O jours dorés de ma jeunesse !
Hélas ! que m’apprête demain ?
Il est baigné de brume épaisse,
De l’entrevoir j’essaie en vain,
Mais quel que soit pour moi le sort,
Que sa flèche me frappe à mort,
Ou passe au loin sans me blesser,
Veiller, dormir, tout est tracé…

Alexandre Pouchkine – Eugène Onéguine (avant le duel)

Russia Today

Les matchs du jour (à suivre en direct sur Le Monde. fr)

Suède - Suisse à 16 heures

Colombie - Angleterre à 20 heures

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