« Ça fait deux ans qu’on demande au rectorat l’autorisation de passer les maths en breton et qu’on nous la refuse », regrette Ismaël Morvan. Faute d’avoir obtenu gain de cause, il fait partie des quinze élèves de terminale du lycée Lise-Diwan de Carhaix-Plouguer (Finistère) qui ont rédigé leurs copies de mathématiques du bac 2018 dans leur langue régionale. Une décision qui risque de leur coûter des points : « L’évaluation [de ces épreuves] prend en compte seulement les parties rédigées en français », a en effet expliqué le rectorat de Rennes à l’Agence France-Presse, mardi 3 juillet.

« Tout notre programme scolaire est en breton, ce n’est pas logique de ne pas pouvoir passer les épreuves en breton », estime Ismaël Morvan, tandis que le directeur de son lycée de 380 élèves, Loeiz Donal, rappelle que les élèves basques ont depuis 2012 le droit de passer l’épreuve de mathématiques dans leur langue régionale, de même que l’épreuve d’histoire-géographie. En Bretagne, en revanche, le breton n’est autorisé qu’en histoire-géographie.

Pétition et soutien du président de la région

« Il y a des enseignants qui auraient pu corriger leurs copies, mais la consigne leur a été donnée de ne pas tenir compte des parties rédigées en breton », explique M. Donal. « On nous a rappelé que nous étions fonctionnaires et que nous devions corriger ces copies », a témoigné l’un des correcteurs de l’épreuve, sous couvert d’anonymat, auprès de Ouest-France, disant que lui-même a « quelques bases » en breton et qu’il a fait « comme [il a] pu », notamment pour corriger l’exercice « faisant appel à de la démonstration géométrique, et donc à un vocabulaire très spécifique ».

Une pétition « Pour la correction des 15 copies en breton PAR DES CORRECTEURS BRITTOPHONES ! » avait recueilli, mercredi 4 juillet, quelque 11 000 signatures. Le président du conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a de son côté « assuré de son soutien entier » le comité Bak e Brezhoneg (« Bac en breton ») du lycée Diwan de Carhaix-Plouguer. Dans un courrier au ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, il a sollicité sa « bienveillance » afin que les copies du baccalauréat de maths des 15 élèves carhaisiens soient corrigées et a demandé d’« autoriser officiellement, pour les sessions à venir, le passage de cette épreuve en langue bretonne », rapporte Ouest-France.