A quatre jours du départ du Tour de France, Edinson Cavani accumule les kilomètres sur son vélo électrique. Et toute l’Uruguay observe fébrilement le contre-la-montre dans lequel s’est lancé son buteur pour tenir sa place, vendredi 6 juillet, lors du quart de finale face aux Bleus à Nijni Novgorod. Le mollet gauche du joueur de 31 ans est l’objet de toutes les inquiétudes pour ses 3,4 millions de compatriotes.

Auteur d’un doublé face au Portugal au tour précédent, Cavani avait dit avoir ressenti « un petit pincement » à la 74e minute. Avec Cristiano Ronaldo pour aide de camp, l’attaquant quittait la pelouse en claudiquant. Lundi, un premier communiqué de la Fédération uruguayenne (AUF) expliquait la nature de la blessure : « Lésion œdémateuse sans déchirure de fibres musculaires. » Si l’AUF précise « que le joueur a toujours mal », l’espoir est – en apparence – de retour du côté la Celeste. « Moralement, Edinson va bien, a assuré lundi son coéquipier Rodrigo Bentancur en conférence de presse. Là, il a fait de la rééducation. Maintenant, il faut voir comment il récupère, et comment cela va évoluer au jour le jour. » Mardi, Cavani est encore resté à l’écart de l’entraînement pour « effectuer un travail différencié et une réadaptation physiologique », a communiqué l’AUF.

Si l’entourage de l’avant-centre du PSG est assez pessimiste sur ses chances de disputer le match face à la France, selon une information du Parisien, le sélectionneur, Oscar Tabarez, et son staff sont prêts à attendre le dernier moment avant de prendre leur décision ; histoire de faire planer la menace Cavani au-dessus de la tête des Bleus. « Nous allons préparer le match comme s’il était là, a annoncé Guy Stéphan, l’adjoint de Didier Deschamps. On considère qu’il joue, et on se prépare comme ça. »

Avec Suarez seul en pointe ?

En Uruguay, le mollet est devenu le muscle le plus étudié. Dans un pays où le football est constitutif de l’identité nationale, les journaux rivalisent d’expertises médicales, son sort rappelant celui de la cuisse meurtrie de Zinédine Zidane juste avant la Coupe du monde 2002. Dans son édition de lundi, le quotidien généraliste de Montevideo El Pais estimait comme « hautement improbable » la présence du « Matador ». Referi – principal site sur le football uruguayen – a consulté l’avis de plusieurs spécialistes. Et un certain pessimisme domine. « D’après les informations en provenance de Russie, Cavani ne sera pas apte à jouer vendredi », avance Carlos Voituret, médecin de la sélection entre 1991 et 2002.

Ce dernier détaille la façon dont son successeur, Edgardo Barboza, va procéder pour déterminer où en est la guérison du joueur. « En prélevant une goutte de sang, il s’agit de savoir s’il y a une augmentation significative du CPK, une enzyme présente dans la fibre musculaire et qui augmente fortement en cas de lésion musculaire. » Physiothérapeute des équipes de jeunes de l’Uruguay, Alejandro Ganeglus rappelle, lui, qu’il faut « au minimum entre une semaine et dix jours pour récupérer de ce type de lésion », mais pense que le staff médical de la Celeste « va accélérer ce processus ».

Quitte à prendre le risque d’aligner un Cavani diminué ? L’Atlético Madrid avait tenté le diable lors de sa finale de la Ligue des champions perdue en 2014 avec Diego Costa. Touché aux ischio-jambiers une semaine plus tôt, l’attaquant avait à peine tenu neuf minutes, malgré un traitement de cheval ou plutôt de placenta de jument administré en Serbie. L’autre option avancée par les médias locaux est de voir commencer l’homme aux 45 buts en sélection sur le banc de touche. Oscar Tabarez pourrait alors le remplacer poste pour poste par Cristhian Stuani, 31 ans et auteur de 21 buts cette saison avec Gérone dans le championnat d’Espagne.

A moins que le sélectionneur ne laisse Luis Suarez seul en pointe et renforce son milieu de terrain ? Une alternative qui renforce l’idée d’un match fermé, voire « chiant », comme l’a prédit Antoine Griezmann. Grand spécialiste du football uruguayen, l’attaquant français ne doit pas ignorer que la Celeste n’a gagné aucun de ses quatre matchs de Coupe du monde depuis 2010 quand Suarez ou Cavani étaient orphelins de leur partenaire d’attaque.