Un drone envoyé par Greenpeace au-dessus de la centrale nucléaire de Bugey, près de Lyon, le 3 juillet. / NICOLAS CHAUVEAU / GREENPEACE VIA REUTERS

Un drone en forme de Superman piloté par des militants de Greenpeace a survolé, mardi 3 juillet au matin, une centrale nucléaire proche de Lyon. L’ONG affirme que le bâtiment de l’enceinte sur lequel il s’est ensuite écrasé est « vulnérable ». Cette action « hautement symbolique » annoncée par Greenpeace, photos et vidéo à l’appui, et confirmée partiellement par EDF, visait à démontrer la « vulnérabilité » des piscines d’entreposage des combustibles usés, selon Greenpeace.

Un drone déguisé en Superman s’écrase sur la centrale nucléaire du Bugey

L’ONG affirme que son drone s’est écrasé contre le mur d’un bâtiment de ce type dans l’enceinte de la centrale EDF de Saint-Vulbas (Ain). Le groupe fait état, lui, de deux drones, dont un qui a été « intercepté » par la gendarmerie.

Depuis plusieurs mois, l’ONG a décidé de défier EDF, qui assure que ses centrales nucléaires sont « sûres, bien surveillées et bien protégées ». Le 12 octobre 2017, huit activistes de Greenpeace avaient été interpellés pour avoir pénétré dans la centrale de Cattenom (Moselle) afin d’alerter sur la vulnérabilité des sites nucléaires.

Rapport sur la sécurité des réacteurs

Quelques jours plus tôt, dans un rapport, des experts mandatés par l’ONG avaient mis en garde contre des failles sécuritaires dans les centrales nucléaires françaises en cas d’attaque ou d’acte de malveillance, dans un rapport. Ces sept experts (France, Allemagne, Royaume-Uni et Etats-Unis), spécialistes en sûreté nucléaire, sécurité, radioprotection et économie, s’étaient particulièrement intéressés à la capacité de résistance des piscines d’entreposage des combustibles nucléaires usés.

Dans ce rapport, Greenpeace s’en prend à EDF, accusé de n’avoir « pas procédé aux renforcements nécessaires » malgré plusieurs rapports précédents mais aussi le survol de centrales, à répétition et toujours inexpliqué, par des drones. « Ce problème de fragilité des piscines d’entreposage du combustible usé face au risque d’attaques extérieures ne peut être ignoré par l’exploitant des centrales nucléaires françaises EDF », ajoute l’ONG.

Commission d’enquête

En février, l’Assemblée nationale a adopté une résolution La République en marche (LRM), créant une commission d’enquête « sur la sûreté et la sécurité » des installations nucléaires pour six mois. La France est « le premier pays au monde en nombre de réacteurs nucléaires en exploitation par habitant » avec 58 réacteurs pour quelque 66 millions de Français, et la présence de 19 centrales notamment « impose une vigilance sans faille », surtout après l’intrusion de militants de Greenpeace qui « a provoqué des inquiétudes légitimes dans l’opinion », avait assuré Barbara Pompili (LRM, issue des rangs écologistes), ancienne secrétaire d’Etat.