Claude Lanzmann, en février 2013, au festival du film de Berlin. / GERARD JULIEN / AFP

De nombreuses personnalités du monde de la culture, de la classe politique ou de la communauté juive ont rendu hommage au cinéaste et écrivain Claude Lanzmann, réalisateur de Shoah et combattant de la mémoire du génocide des juifs, mort jeudi à 92 ans.

Le réseau social Twitter bruissait de toutes parts. Françoise Nyssen, ministre de la culture, y évoque celui qui « a imposé les images contre l’oubli, l’Art contre les négationnistes. Il était ce Grand Homme qui, avec Shoah, a contribué à construire avec justesse notre mémoire collective. »

« C’est une de ces œuvres qui vous marquent à vie. C’est l’un des plus grands films relatant l’horreur de la Shoah. Avec toute son humanité, Claude Lanzmann était parvenu à représenter l’inhumanité », a estimé de son côté Christophe Castaner, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement.

Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a qualifié le cinéaste d’« infatigable passeur de mémoire ».

« Le devoir de mémoire demeure »

« Claude Lanzmann nous a quittés mais son œuvre et le devoir de mémoire demeurent. Il y a trente-trois ans, son film Shoah nous a ouvert les yeux. Le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre est de les garder ouverts », a jugé pour sa part Laurent Wauquiez, président des Républicains.

Anne Hidalgo, maire de Paris, salue un « homme courageux, exigeant et déterminé, véritable conscience qui a levé le voile qui occultait ce qu’il a contribué à nommer Shoah ».

« Il y a vingt-cinq ans, avec Claude Lanzmann », se remémore François Bayrou, le président du Modem, « premier voyage à Auschwitz comme ministre de l’éducation. Nous ne nous sommes jamais rencontrés depuis sans évoquer cette émotion. Il vivait pour nous l’histoire de la Shoah. Que la terre lui soit légère ! »

« Claude Lanzmann restera éternellement dans nos esprits. Sa fougue, son enthousiasme permanent, sa puissance pour bousculer les conservatismes, balayer les scepticismes étaient tels que comme un roc, il tenait, haut et fort, ses convictions et savait les faire partager. Sa parole et ses combats inspireront encore longtemps », a déclaré dans un communiqué Jack Lang, ancien ministre socialiste de la culture et de l’éducation nationale.

Sur Twitter, Manuel Valls, ancien premier ministre socialiste se dit « si triste d’apprendre la mort de Claude Lanzmann, un ami cher, une personnalité unique, une vie incroyable ».

« Un grand bonhomme, un vrai Mensch »

« C’était un valeureux. Un cinéaste immense. Et un homme bon. Je ne me pardonne pas nos brouilles. Je chéris, comme un trésor, les beaux moments vécus ensemble », écrit Bernard-Henri Lévy, écrivain et philosophe avec lequel Claude Lanzmann s’était fâché au moment de l’épisode libyen.

« Je le croyais immortel, écrit le réalisateur Serge Moati. Son œuvre l’est. (…) Il avait su regarder en premier, ce combattant à la caméra, la mort en face. Un monument. Un terrible chef d’œuvre. Adieu au héros. »

Haïm Korsia, grand rabbin de France, rend « hommage à (…) cet homme incroyable qui a offert au monde le mot Shoah pour dire l’indicible. »

Ariel Goldmann, président de la Fondation du judaïsme français, salue « un grand bonhomme, un vrai Mensch (homme) qui ne transigeait pas avec la Vérité ! » « Un géant nous quitte », qui « a marqué les siècles et l’Histoire du peuple juif avec ses œuvres Shoah et Tsahal. »

Dans un communiqué, l’Union des étudiants juifs de France a estimé qu’« au cours de sa vie, Claude Lanzmann a inspiré des générations de militants par des combats d’une actualité brûlante. Son œuvre Shoah a inscrit la mémoire de la déportation et de l’extermination de six millions de juifs d’Europe dans l’histoire européenne ».