Dans un rapport remis jeudi 5 juillet, une commission d’enquête recommande de renforcer la sécurité des centrales, notamment en encadrant mieux le travail des sous-traitants. EDF a répondu dans un communiqué qu’« aucun manquement aux obligations incombant à l’exploitant » n’avait été relevé dans la synthèse des députés.

« Lors d’une première lecture du rapport, EDF a constaté la présence d’un certain nombre d’erreurs factuelles », a dénoncé le groupe. Au vu des préconisations de la commission d’enquête, EDF « constate que les dispositifs mis en place en France pour assurer la sécurité des centrales nucléaires sont très largement validés ».

Concernant la sûreté nucléaire, EDF rappelle en avoir « fait sa priorité dès le démarrage de ses centrales nucléaires et est engagé dans une démarche d’amélioration continue. L’Autorité de sûreté nucléaire a d’ailleurs jugé “globalement satisfaisante” la sûreté des centrales nucléaires françaises en 2017 ». 

De son côté, Orano (ex-Areva), s’insurge contre la partie consacrée au recyclage des déchets nucléaires. « C’est le lobby antinucléaire qui s’est exprimé. Aucun élément n’est donné en faveur du recyclage, alors que nous avons répondu à toutes les questions de la commission », a expliqué au Monde un porte-parole du groupe. «La parole n’a été donnée qu’aux antinucléaires. C’est un rapport très orienté », s’insurge-t-il.

Trente-trois mesures préconisées

Une commission d’enquête parlementaire a préconisé jeudi 33 mesures pour rendre les centrales nucléaires plus sûres face aux risques d’accident et de terrorisme, une publication qui tombe alors que la France s’interroge sur son avenir énergétique.

Renforcer le rôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), contrôler la sous-traitance dans le secteur, envisager d’autres modes de stockage des déchets, mettre plus de gendarmes dans les centrales ou encore publier un programme prévisionnel des réacteurs à démanteler… les députés se sont attaqués à de nombreux sujets.

Ces travaux font suite à la catastrophe de Fukushima mais aussi à plusieurs intrusions dans des sites d’EDF de militants Greenpeace pour dénoncer le « risque nucléaire ». Encore mardi, un drone de l’organisation a survolé une centrale proche de Lyon.

« Grande clairvoyance »

L’ONG salue jeudi dans un communiqué « la grande clairvoyance » des conclusions de la commission d’enquête. « Aujourd’hui, la représentation nationale se saisit des grandes failles du nucléaire en France et EDF ne peut plus se défausser », commente Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France.

« Il faut désormais que les recommandations formulées par la commission soient prises en compte et mises en œuvre. Par exemple, les députés demandent très clairement que l’Autorité de sûreté nucléaire, comme à l’étranger, puisse être dotée de compétences en matière de sécurité et que ses moyens soient renforcés. »

Invité à commenter sur France Inter le rapport publié jeudi, le secrétaire général de Force ouvrière Pascal Pavageau a qualifié « de connerie monumentale » la sous-traitance dans le secteur nucléaire, en soulignant le « risque gigantesque » en matière de sécurité. « Ce que le rapport parlementaire est en train de découvrir, nous l’avons dit, en partie notamment sur la sous-traitance depuis maintenant à peu près six ans », a ajouté le numéro un de FO.