Dans le hall d’entrée de la Toulouse Business School (TBS), c’est l’effervescence. En blazers et tailleurs, les étudiants et étudiantes sélectionnés au concours des admissions parallèles, destiné aux détenteurs d’un diplôme de licence ou d’un institut universitaire de technologie (IUT), viennent ce jour-là passer leurs épreuves d’admission : un entretien de motivation, et deux oraux de langues.

Au milieu des tenues formelles circulent des polos blancs floqués d’un « admisseur » en lettres capitales. Ce néologisme désigne les cent étudiants chargés d’accueillir les « admissibles » au sein de l’école. Dans la grande salle, des activités sont proposées aux candidats : tables de ping-pong, karaoké, petite scène de théâtre, etc. Certains admissibles viennent déjeuner ou prendre un café, d’autres, installés dehors sur les tables de pique-nique profitent des rayons de soleil.

A 13 h 30, tous se dirigent vers le grand amphithéâtre de l’école. C’est l’heure de l’accueil officiel. Un directeur de TBS, Olivier Guyottot, prend la parole. Après avoir évoqué les atouts de l’école, ce responsable de la formation initiale et du programme grande école livre quelques conseils pour les oraux : « Le but est de montrer que vous avez vécu des expériences dans la vie et que vous en avez retiré quelque chose. On attend également de vous que vous vous projetiez dans notre école. Et pour ça, on a toute l’équipe des… » La fin de sa phrase se perd sous le tonnerre d’applaudissements des fameux « admisseurs » qu’il salue, et dont l’enthousiasme fait sursauter le public. L’ambiance commence à se détendre. Les visages des candidats, au départ marqués par l’appréhension, affichent maintenant des sourires.

A la fin de la présentation de l’école, les « admisseurs » réalisent une chorégraphie devant les admissibles. / Caroline Pain / Le Monde

Une vidéo démarre sur le grand écran de l’amphithéâtre. Un jeune homme joue le rôle d’un étudiant fraîchement admis qui doit choisir dans lequel des quatre campus de l’école de commerce il va débuter son cursus. On met l’eau à la bouche des admissibles, en les transportant de Barcelone à Marrakech, en passant par Londres, au son de musiques rythmées. A chaque nouvelle ville, les « admisseurs » tapent sur les tables avec leurs mains, comme un roulement de tambour. Une vidéo donne ensuite un aperçu de ce qui attend les candidats qui choisiront TBS : le week-end d’intégration, les soirées en boîtes de nuit, les nombreuses associations – sportives, artistiques, etc. – et enfin la remise de diplôme en grande pompe. Les candidats en prennent plein les yeux. C’est le but : qu’ils aient envie de rejoindre TBS plutôt qu’une autre école.

« Ils font plein de petites choses qui nous facilitent la vie »

On leur indique ensuite leur horaire de passage aux épreuves d’admission, et les activités mises en place l’après-midi : un tour de la ville à vélo, les trois salles thématiques à l’étage « geek, chill et sieste ». Les candidats sont appelés par petits groupes et quittent l’amphithéâtre sous la ola des « admisseurs » qui les encouragent : « Admissibles ! Allez ! Allez ! » Ils sont répartis en quatre pôles : animation, soirées, accueil et communication.

Une grande partie du travail des « admisseurs » réside dans l’accompagnement des candidats en termes logistiques notamment. « Notre but c’est de leur faciliter la vie au maximum, explique Anthony, un des quatre responsables généraux qui dirigent les « admisseurs ». On les accueille sur leur lieu d’arrivée, que ce soit l’aéroport ou la gare, et ensuite on les conduit à l’école. On sait très bien que c’est compliqué quand on arrive seul dans une ville qu’on ne connaît pas, et qui plus est pour un moment stressant comme les oraux ! » Les candidats peuvent même « dormir chez un étudiant de TBS pendant les oraux d’admission », propose l’appli Yestudent.

Les « admisseurs », étudiants de l’école de commerce de Toulouse, ont aménagé leur école pour faciliter la vie des candidats aux oraux. Ici, la salle « geek », où les candidats peuvent se détendre avant ou après leurs entretiens. / Caroline Pain / Le Monde

Héléna, admissible, en a bénéficié : « J’ai pu dormir pour 10 euros chez un étudiant, ce qui est super quand on fait un tour de France des écoles ! » Pendant les oraux, « ils nous accompagnent jusqu’à nos salles, ils font plein de petites choses qui facilitent vraiment la vie », raconte cette étudiante en droit, installée sur un des canapés de la grande salle à l’heure de la détente.

Un peu plus loin, Nicolas, 22 ans, regarde les écrans de télévision sur lesquels sont affichés les horaires de passage et les salles, un peu comme les écrans d’aéroport indiquent les portes d’embarquement. Lui n’a pas eu besoin de l’aide logistique des « admisseurs », et il est un peu moins sensible aux activités organisées. « On est très bien accueilli, c’est indéniable, mais je ne suis pas vraiment ici pour jouer au ping-pong, dit le jeune homme en souriant. C’est plus ou moins la même chose dans toutes les écoles, ça renvoie à l’image de chacune. »

« Ça prouve qu’ils veulent nous donner envie de l’intégrer »

C’est l’autre aspect de la mission des « admisseurs » : donner envie aux candidats de rejoindre leur école. Pour Mélanie, une autre responsable générale, il n’est pas question de « vendre » TBS. « On sait que quand un étudiant rencontre un “admisseur” qui a des étoiles dans les yeux en parlant de son expérience, ça fait son effet, sans qu’on ait besoin d’enjoliver les choses, explique l’étudiante de master 1. Quand j’ai fait moi-même le tour de France des oraux, je détestais que certains survendent leur école par rapport à une autre. » Ce que confirme Calice, étudiante en L3 et « admisseuse » : « On cherche plutôt à les conseiller dans leurs choix par rapport à leur profil. Si on connaît des gens dans d’autres écoles ou si on en a eu des échos, ça peut leur permettre de savoir en quoi telle ou telle école leur correspondrait le mieux. »

Pendant leur journée d’oraux, les admissibles peuvent découvrir l’école, ses formations et ses nombreuses associations. / Caroline Pain / Le Monde

Arthur, détenteur d’un bachelor, a passé ses oraux le matin même, il reste un peu pour discuter avec d’autres candidats. « C’est sûr qu’ils ont un peu l’air de vendre leur école, mais d’un autre côté, ça prouve qu’ils veulent nous donner envie de l’intégrer parce qu’eux-mêmes s’y plaisent, relativise l’étudiant parisien. Pour faire notre choix, on ne regarde pas que le classement, l’expérience qu’on vit dans l’école au moment des oraux joue aussi évidemment. »

Mélanie confirme que, pour les étudiants, ce travail de préparation et le mois d’admissibilité correspond à un stage : « Nous sommes rémunérés 600 euros pour les L3 et 800 pour les M1, et pour les L3 ça fait office de stage ». Mais selon Héléna, cela n’enlève rien à l’aide qu’ils apportent : « Ils sont vraiment nombreux et très présents, ils viennent d’eux-mêmes nous voir. »