« Sun City », l’installation imaginée par Fanny Bouyagui/Art Point M, un labyrinthe géant de fleurs, ici en 2015 à Mons, en Belgique. / JACOB KHRIST

On n’a pas l’habitude de la voir ainsi. De La Défense, on connaît surtout le côté cour, laborieux, son activité trépidante, ses hommes pressés, ses foules qui s’engouffrent dans les bouches du RER ou du métro. Ses grands immeubles minéraux, ses néons, son business. On le sait moins, le quartier d’affaires a aussi son côté jardin, ses fleurs, ses grands arbres et ses promenades. Sous son air affairé, La Défense cache en réalité bien son jeu et sa dégaine d’artiste un rien rebelle.

Voyez plutôt : outre les créations architecturales, elle expose en permanence dans l’espace public 69 œuvres artistiques. Et pour ses 60 ans, c’est son penchant pour l’art moderne et l’art numérique qu’elle a choisi de mettre en exergue. Jusqu’au 21 octobre, elle se transforme ainsi en une gigantesque galerie à ciel ouvert, pour 108 jours d’un parcours extatique et initiatique.

Un labyrinthe géant de fleurs

Neuf artistes invitent les visiteurs à porter un autre regard, inattendu, sur le quartier et ses clichés. Vus de loin, les deux bancs publics signés Lilian Bourgeat semblent ainsi à l’échelle du décor. Il faut s’en approcher pour percevoir peu à peu la démesure de leurs cinq mètres de large et 1,80 m de haut.

A la rectitude des gratte-ciels, à leur immobilité, Fanny Bouyagui/Art Point M, oppose au contraire le mouvement magnétique des tournesols et l’incertitude du chemin dans un labyrinthe géant de fleurs. En arrivant par la place de l’Esplanade, les 4 000 tournesols ne recouvrent pas encore la perspective, ni la femme géante de Bombay, peinte sur des panneaux découpés comme on en trouve à l’extérieur des cinémas en Inde. Signé Hanif Kureshi, et son équipe de New Delhi, qui tente de réhabiliter la peinture traditionnelle de rue dans son pays.

On peut flâner sous les arbres blanchis à la chaux de Vincent Lamouroux, se déplacer d’une installation à l’autre, d’une œuvre à l’autre, marcher sur les façades d’immeubles renversés de « l’illusionniste » argentin Leandro Erlich, ou bien se photographier à la mode selfie et Instagram dans les miroirs disposés là par « encoreunestp ». Mais « Les Extatiques » proposent également un parcours balisé, au rythme d’une balade sonore de Soundwalk Collective, sur un texte de notre collaborateur Harry Bellet lu par l’actrice Anna Mouglalis.

« Les Extatiques », à La Défense, jusqu’au 21 octobre. www.ladefense.fr/fr/les-extatiques