Le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, lors d’une conférence de presse, vendredi 6 juillet. / SEBASTIEN SALOM GOMIS / AFP

Le parquet a requis la mise en examen du policier qui a tiré sur Aboubakar F. mardi soir lors d’un contrôle de police à Nantes, a annoncé vendredi 6 juillet le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès, lors d’une conférence de presse. Une instruction judiciaire est ouverte pour « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Placé en garde à vue jeudi, le CRS a changé de version et reconnu avoir menti lors de sa première audition mercredi. Il affirme désormais avoir tiré « par accident » sur le jeune homme de 22 ans, originaire de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise), mort des suites de ses blessures.

Un « corps-à-corps »

Il a indiqué « qu’en réalité il a tenté de se pencher dans l’habitacle du véhicule pour saisir le volant et essayer d’arrêter la manœuvre », a relaté le procureur. « C’est à ce moment-là, indique-t-il, dans le cadre de ce qu’il appelle un corps-à-corps, que le coup de feu est parti accidentellement pour toucher mortellement le conducteur. »

Initialement, les cinq collègues du policier auteur du coup de feu, entendus le soir des faits, avaient affirmé que le conducteur avait fait une marche arrière à « très vive allure », au point de risquer de renverser deux des quatre enfants qui jouaient sur la chaussée derrière la voiture.

Le policier auteur du coup de feu avait lui-même indiqué « avoir tiré en raison de la dangerosité du conducteur et pour protéger les personnes qui pouvaient se trouver à proximité sur la trajectoire du véhicule », selon M. Sennès.

L’annonce de sa mort a provoqué dès mardi soir et à nouveau dans les nuits suivantes des violences urbaines dans les quartiers nantais, avec de nombreux bâtiments publics, commerces et voitures incendiés.

Trois hommes âgés de 20 à 31 ans ont d’ailleurs été condamnés vendredi à quatre mois de prison avec sursis pour des violences commises mercredi soir contre les forces de l’ordre, à Nantes. Cette condamnation a été assortie d’un stage de citoyenneté. L’un d’eux s’est vu également infliger une interdiction du territoire de Nantes pendant deux ans.