Un porte-conteneurs dans le port de Qingdao, dans la province du Shandong, dans l’est de la Chine, le 6 juillet 2018. / AP

Jusqu’au bout, Pékin aura surveillé sa communication. Alors que ses droits de douane sur des importations américaines devaient être appliqués en même temps que les taxes imposées par les Etats-Unis sur des produits chinois, la Chine a choisi de repousser leur mise en œuvre à midi, heure locale, vendredi, afin de laisser Washington lancer les hostilités.

Depuis le début du conflit commercial avec les Etats-Unis, le gouvernement chinois joue la légitime défense : « Afin de défendre les intérêts fondamentaux de notre pays et de notre peuple, nous sommes forcés de prendre des contre-mesures nécessaires », souligne le communiqué du ministère du commerce annonçant les droits de douane chinois.

Jeudi, le porte-parole du ministère avait voulu démontrer l’absurdité des attaques américaines, en soulignant que près des deux tiers des produits chinois frappés par ces taxes, soit 20 milliards de dollars sur 34 milliards de dollars d’importations (17 milliards sur 29 milliards d’euros), sont fabriqués grâce à des investissements étrangers, dont une partie américains. « Les mesures américaines attaquent en réalité la chaîne d’approvisionnement mondiale. Pour le dire simplement, les Etats-Unis tirent sur le monde entier, y compris sur eux-mêmes. »

« Mesures qualitatives »

Avant même l’officialisation de la réplique chinoise, qui se matérialise donc par des droits de douane sur 34 milliards de dollars d’importations américaines (soja, cerises, fruits de mer ou voitures électriques), certains produits commençaient à manquer sur les étals chinois. La semaine précédente, des cargaisons de cerises américaines avaient été bloquées par les douanes et mises en quarantaine une semaine… Assez pour les faire pourrir. Des aliments pour animaux de compagnie ont aussi été retenus.

De quoi susciter l’inquiétude chez les entreprises américaines. Vendredi 29 juin, la chambre de commerce américaine de Chine a tenu une réunion privée lors de laquelle nombre de ses membres ont noté une recrudescence de contrôles des services de sécurité incendie, de l’hygiène, ou de l’environnement, raconte le Washington Post. La bureaucratie chinoise est trop imprévisible pour tirer des conséquences de quelques cas, mais les patrons américains craignent qu’il s’agisse là des « mesures qualitatives » de représailles annoncées par Pékin le 19 juin.

La Chine utilise régulièrement ces tactiques lors de conflits commerciaux ou politiques avec des Etats. En 2017, des entreprises sud-coréennes en avaient fait les frais. Des supermarchés de la chaîne Lotte avaient été fermés pendant des semaines après des contrôles de sécurité incendie. Les produits coréens avaient aussi subi une campagne de boycottage.