Une majorité de députés du parti Les Républicains (LR) dénoncent la réforme constitutionnelle, vue comme une « attaque au bazooka » visant à une « démolition de l’Assemblée nationale », dans une tribune publiée dans le Journal du Dimanche (JDD), paru le 8 juillet. Ce texte paraît à la veille du discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès réuni à Versailles, que quelques députés LR, ainsi que les élus de La France insoumise ont l’intention de boycotter.

Dans cette tribune, soixante-dix-huit des quatre-vingt-dix-huit élus LR siégeant à l’Assemblée déplorent que dans les trois projets de loi qui définiront ce qu’ils surnomment la « Constitution Macron », « rien ne répond directement aux attentes de nos compatriotes : ni la diminution de l’immigration, ni la sécurité nationale, ni les questions économiques et financières ne sont abordées ».

« La domestication, la décomposition et la démolition de l’Assemblée nationale sont en marche. »

« Pire encore », écrivent-ils dans les colonnes de l’hebdomadaire dominical, « la pseudo-transformation vantée par Emmanuel Macron est, en réalité, une régression antidémocratique » avec une Assemblée nationale « attaquée au bazooka ».

Une « combine » créée par Emmanuel Macron

Tout en jugeant qu’une diminution du nombre de parlementaires « peut être légitimement envisagée », ils estiment que le projet de l’exécutif – qui combine une réduction d’un tiers de ce nombre et l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives – pourrait « affaiblir profondément la mission constitutionnelle de l’Assemblée nationale et sa légitimité ».

Cette mise en place d’un mode de scrutin mixte dont ils estiment « le principe même (…) contestable » va créer « deux catégories de députés », préviennent-ils. « Avec la combine proposée par M. Macron, des candidats battus seront quand même élus. Et il est possible que cette mauvaise cuisine électorale débouche sur un scénario à l’italienne, avec une Assemblée nationale aussi faible qu’instable », déplorent-ils en évoquant « le triomphe de la technocratie et la défaite de la démocratie ».

Annoncée par Emmanuel Macron l’été dernier devant les députés et les sénateurs réunis en Congrès à Versailles, la réforme des institutions, destinée à améliorer la fabrique de la loi pour ses défenseurs, à affaiblir le Parlement pour ses détracteurs, devrait être bouclée début 2019. Les députés ont lancé la semaine dernière le marathon de la réforme des institutions avec l’examen en commission des Lois du volet constitutionnel, première étape d’une révision qui se poursuivra à la rentrée par l’examen des lois ordinaire et organique.