Avant de disputer, mardi 10 juillet, la demi-finale de la Coupe du monde 2018 face à la Belgique, les Français ont atteint à cinq reprises ce stade de la compétition. De l’épopée des Français en 1958 aux aventures de Zidane et de ses coéquipiers en 2006, retour sur les précédentes demi-finales des Bleus au Mondial.

  • 1958 : un blessé, un Pelé et trois buts (Brésil-France, 5-2)

Just Fontaine a inscrit l’un de ses treize buts du Mondial en demi-finale face au Brésil. / STAFF / AFP

Que serait-il advenu si les changements avaient été autorisés en 1958 ? Qualifiés pour la première fois de leur histoire en demi-finale du Mondial, les Bleus d’un Just Fontaine marchant sur l’eau (treize buts inscrits lors de la compétition, le record reste à battre) se poseront à jamais la question. Face au Brésil, meilleure défense de la compétition n’ayant pas encaissé le moindre but depuis son premier match, les coéquipiers du futur Ballon d’or, Raymond Kopa, engagent la rencontre avec entrain. Après avoir encaissé un but dès l’entame, les joueurs d’Albert Batteux égalisent par Just Fontaine à la neuvième minute de jeu.

Mais après une demi-heure de jeu, le capitaine français, Robert Jonquet, fauché par l’attaquant Vava, se fracture le péroné. Or, le règlement de l’époque ne permettant pas de changement, les Bleus terminent la partie à dix contre onze. Et subissent l’émergence d’un gamin de 17 ans appelé à un destin mondial. En moins d’un quart d’heure, le jeune Pelé inscrit un triplé (52e, 64e, 75e) et enterre les rêves de titre des Français.

« C’est à la suite de mes exploits en Suède qu’un magazine français, curieusement, m’a gratifié du titre de “roi du football”, expliquait le meilleur joueur du XXe siècle lors du Mondial 2014. Un titre qui s’est répandu dans le monde entier et a contribué à façonner ma légende. » Défaits 5-2, les Bleus achèveront leur compétition à la troisième place du Mondial suédois.

  • 1982 : le traumatisme de Séville (France-Allemagne, 3-3, 3-4 aux tirs au but)

A deux reprises, les Bleus ont cru avoir partie gagnée face à l’Allemagne. / - / AFP

De ce jeudi noir pour le sport français, tout a été dit et écrit, déjà. « Même les plus jeunes en ont entendu parler par leur père ou leur grand-père, estime le milieu de terrain des Bleus d’alors, Bernard Genghini. Ce match est resté dans la légende du foot par son déroulement, sa dramaturgie, et par toutes les émotions qu’il a pu procurer» Ce 8 juillet à Séville, la France tombe amoureuse de son équipe de foot en même temps qu’elle se confronte à l’injustice de ce sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne.

Opposés à la RFA en demi-finale du Mondial espagnol, Platini et sa bande aspirent à se hisser en finale pour la première fois de leur histoire. Et à deux reprises, ils pensent avoir match gagné, après les buts de Marius Trésor et Alain Giresse. Mais, après la terrible agression de Schumacher sur Battiston, les Allemands reviennent à la marque à deux reprises. S’ensuit la première séance de tirs au but de la compétition, et le raté de Bossis qui offre la qualification à l’Allemagne. « Aucun film, aucune pièce ne saurait transmettre autant de courants contradictoires, autant d’émotions que la demi-finale perdue de Séville », analysera Michel Platini longtemps après. Battus et abattus, les hommes de Michel Hidalgo s’inclineront en suivant lors de la petite finale face à la Pologne (3-2).

  • 1986 : la revanche perdue (France-Allemagne, 0-2)

Face à l’Allemagne, Michel Platini perdra ses dernières chances de soulever la Coupe du monde. / STAFF / AFP

Quatre ans après le « drame » de Sanchez-Pizjuan, à Séville, France et Allemagne de l’Ouest se retrouvent au même stade de la compétition. S’ils sont champions d’Europe en titre, les Bleus d’Henri Michel évoluent sans Dominique Rocheteau, et avec un Michel Platini fortement diminué. A Guadalaraja (Mexique), les Français débarquent quatre jours après avoir réalisé leur exploit du Mondial : l’élimination du Brésil en quarts de finale au terme d’une partie d’une intensité remarquable (1-1, 4-3 aux tirs au but).

D’un réalisme chirurgical, la Mannschaft ouvre la marque dès la neuvième minute de jeu par Brehme, sur coup franc. Courant après le score, les Bleus se procurent quelques occasions, mais butent, cette année encore, sur Schumacher. En fin de rencontre, Völler crucifie les Français en lobant Joël Bats, sorti à sa rencontre sur une contre-attaque. Pour la seconde fois d’affilée, la France est éliminée par l’Allemagne en demi-finales de Coupe du monde. Et Franz Beckenbauer, l’entraîneur allemand de l’époque, ne manquera pas de le souligner après la rencontre : « Cette équipe ne sait pas battre l’Allemagne. » Au match suivant, la génération Platini (Giresse, Bossis, Rocheteau, Tigana…) se consolera tant bien que mal en décrochant la troisième place.

  • 1998 : le chef-d’œuvre de Thuram (France-Croatie, 2-1)

Les deux seuls buts de Lilian Thuram en équipe de France ont permis aux Bleus de se hisser en finale. / PASCAL GEORGE / AFP

« J’ai essayé de faire revenir cette personne qui a marqué deux buts, mais elle ne s’est jamais représentée ! » Vingt ans après, Lilian Thuram ne s’est toujours pas remis de son doublé inscrit face à la Croatie en demi-finale de la Coupe du monde en France. Douze ans après sa dernière participation au Mondial, la France s’est hissée dans le dernier carré au terme d’un parcours maîtrisé. Mais face à la Croatie de Davor Suker, les hommes d’Aimé Jacquet doivent leur salut au plus improbable des héros.

Menés dès l’entame de la seconde période, les Bleus voient leur arrière droit, défenseur central de formation, inscrire deux buts en un quart d’heure. Les deux seuls de sa longue carrière sous le maillot bleu. « Sur le premier but, c’est moi qui lui fais la passe et je n’ai toujours pas compris ce qu’il foutait là. Vraiment ! racontera plusieurs années plus tard Youri Djorkaeff. Je suis à l’entrée de la surface, je reçois le ballon et là, d’un coup, je vois Thuram. » En dépit de l’expulsion de Laurent Blanc en fin de rencontre, les Français se qualifieront pour la première finale de son histoire. Avec le résultat final que l’on sait, face au Brésil.

  • 2006 : Zidane au bout de la crispation (Portugal-France, 0-1)

Zinedine Zidane et Luis Figo se sont affrontés pour une place en finale. / NICOLAS ASFOURI / AFP

Pour la cinquième demi-finale de Coupe du monde de son histoire, la France étrenne un nouveau statut. Après avoir successivement battu l’Espagne puis le champion en titre brésilien, les coéquipiers de Zinedine Zidane ont récupéré l’étiquette de favori avant d’affronter le Portugal. Alignant Figo, Cristiano Ronaldo, Pauleta ou Deco, les Lusitaniens ont une puissance de feu inquiétante pour les hommes de Raymond Domenech.

Mais devant 22 millions de téléspectateurs en France (un record), les Bleus verrouillent la rencontre. Grâce à un penalty de leur capitaine, Zidane, provoqué par Henry, les Bleus renversent les hommes de Luiz Felipe Scolari (tenant du titre avec le Brésil). Et se qualifient pour leur seconde finale de Coupe du monde, huit ans après leur sacre, où ils échoueront d’un rien face à l’Italie (1-1, 5-3 aux tirs au but). Vainqueurs de deux de leurs cinq demi-finales du Mondial, les Bleus tenteront d’équilibrer leur bilan, mardi face à la Belgique.

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