Une manifestation de femmes indiennes protestant contre le laxisme envers les violeurs en Inde, le 30 juin 2018, à New Delhi. / CHANDAN KHANNA / AFP

En 2012, l’affaire, survenue à New Delhi, en Inde, avait jeté une lumière crue sur les violences subies par les femmes dans ce pays de 1,25 milliard d’habitants. La Cour suprême indienne a confirmé lundi 9 juillet la condamnation à mort de trois hommes pour le viol et le meurtre d’une étudiante. Cette affaire avait soulevé une intense émotion populaire au sein de la société indienne et au-delà.

Le 16 décembre 2012, une étudiante en kinésithérapie de 23 ans avait été violée avec une brutalité extrême par cinq jeunes hommes et un adolescent à bord d’un bus en mouvement dans la capitale indienne, devant son compagnon impuissant.

Jyoti Singh sortait du cinéma d’un centre commercial du sud de la capitale avec son compagnon avant que le couple soit séquestré à bord d’un bus privé. La jeune femme avait été violée tour à tour par ses agresseurs, y compris avec une barre en métal, avant d’être jetée sur le bord de la route. Elle est morte d’une hémorragie interne deux semaines plus tard dans un hôpital de Singapour.

Ultime recours possible

En 2013, quatre des six agresseurs avaient été condamnés à mort pour meurtre, viol en réunion, vol, conspiration et « actes non naturels ». Seuls trois d’entre eux avaient saisi la Cour suprême, qui a rejeté leur appel lundi. Un cinquième homme, le chauffeur du bus présenté comme le meneur, est mort en prison où il se serait suicidé.

Quant au sixième, âgé de 17 ans à l’époque des faits, il n’avait été condamné qu’à trois ans de prison, peine maximale prévue pour les mineurs. Sa libération à la fin de 2015 avait déclenché un tollé.

Les quatre condamnés, qui ont toujours soutenu qu’ils étaient innocents, ont lancé appel après appel contre le verdict. Ils peuvent encore introduire un ultime recours devant la Cour suprême et demander une grâce présidentielle.

L’horreur vécue par l’étudiante et son compagnon, vus comme des symboles d’une classe moyenne citadine émergente, avait déclenché des manifestations massives à travers le pays et forcé le gouvernement à promettre une meilleure protection des femmes.

Législation renforcée

Depuis cette affaire, l’Inde a renforcé sa législation contre les agressions sexuelles et accéléré les procédures judiciaires pour ce type de cas. Les peines contre les délinquants sexuels ont été alourdies et la peine de mort introduite dans les cas de viols ayant entraîné la mort de la victime ou perpétrés par des récidivistes.

L’Inde a recensé environ 40 000 viols en 2016, derniers chiffres disponibles. Mais les experts estiment que ce nombre ne constitue que la partie émergée de l’iceberg et que la plupart des viols ne sont jamais signalés du fait des tabous sociaux.

En 2017, 371 personnes attendaient dans le couloir de la mort en Inde. Les exécutions restent rarissimes. Au cours des vingt-cinq dernières années, seuls quatre condamnés ont été pendus, dont l’un en 2004 pour le viol et le meurtre d’une adolescente de 14 ans.