Jeremy Hunt à son arrivée à Downing Street, à Londres, le 10 juillet. / SIMON DAWSON / REUTERS

Après l’esbroufe, marque de fabrique de Boris Johnson, le Foreign Office va être dirigé par un personnage nettement plus classique mais tout aussi ambitieux. Pour les Britanniques, Jeremy Hunt, 51 ans, est « M. NHS », un homme éloquent mais terne qui pendant six années a géré le cahoteux Service national de santé, fierté nationale et sujet quotidien de controverse.

Ce fils d’amiral, éduqué dans une très chic école privée puis à Oxford, a été chef d’entreprise avant de se lancer en politique en se faisant élire en 2005 dans une circonscription du Surrey (ouest de Londres) acquise aux conservateurs.

Proche de l’ancien premier ministre, David Cameron, il a été son ministre de la culture, avant de devenir le ministre de la santé le plus longtemps en poste de l’histoire britannique, affrontant la grève des médecins dont il a alourdi le service, et les critiques pour la stagnation du budget de la santé publique et sa privatisation rampante.

Il a fondé Hotcourses, une société spécialisée dans les sites Internet universitaires qu’il a revendue l’an dernier, investissant les 16,8 millions du produit de la vente dans des appartements de luxe achetés avec un rabais consenti par un donateur du Parti conservateur.

Volte-face

Son expérience des pays étrangers est limitée mais réelle. Son épouse est chinoise, il a enseigné l’anglais au Japon pendant deux ans et a tenté de vendre de la marmelade dans ce pays. L’une de ses sociétés a fondé au Kenya une association d’entraide pour des enfants orphelins à cause du sida.

Alors que Boris Johnson avait dirigé la campagne pour sortir de l’Union européenne lors du référendum de 2016, Jeremy Hunt a milité dans l’autre camp. En 2016, il défendait encore le maintien du Royaume-Uni dans le marché unique européen sur le modèle norvégien. Mais il a tourné casaque à l’automne dernier, affirmant qu’il voterait pour le Brexit en cas de second référendum en raison de l’« arrogance » de Bruxelles dans les négociations avec Londres.

En juin, il a estimé « complètement déplacées » les déclarations du patron d’Airbus qui menaçait de délocaliser ses 14 000 emplois britanniques si un accord sur le Brexit n’était pas trouvé. Sa volte-face a été interprétée comme une manifestation de son ambition pour diriger un jour les tories. En attendant, son profil de nouveau converti convient à la première ministre, Theresa May, en cette période où elle recherche si désespérément la synthèse.