Cinq cent mille livres sterling (565 000 euros) : Facebook va être condamné à l’amende maximale possible par l’Information Commissionner Office (ICO, le gendarme britannique de la vie privée) pour son rôle dans le scandale Cambridge Analytica.

L’entreprise avait indirectement tiré parti des règles très souples de Facebook au début des années 2010 sur la collecte de données. Elle a racheté de gigantesques quantités d’informations aux créateurs d’un quiz Facebook, qui récoltait à l’insu de ses utilisateurs des informations sur les joueurs mais aussi sur leurs proches. Ces données ont ensuite été utilisées par Cambridge Analytica à des fins de publicité politique ciblée.

« L’une des principales conclusions de l’enquête est qu’il y a eu [de la part de Facebook] des manquements significatifs à ses obligations de transparence et de traitement équitable des données », écrit l’ICO dans un rapport de soixante pages (PDF) publié mercredi 11 juillet. Le rapport couvre non seulement les activités de Facebook et le scandale Cambridge Analytica, mais se penche plus largement sur l’utilisation de données à des fins politiques au Royaume-Uni. L’ICO a par exemple constaté qu’un ou plusieurs partis politiques, non cités, avaient eu recours ces dernières années à des « logiciels analysant les noms d’électeurs pour déterminer leur origine ethnique et âge probables. »

Faible montant de l’amende

L’amende dont va devoir s’acquitter Facebook, qui doit encore être formellement confirmée, est d’un montant très faible par rapport aux revenus du groupe – au premier trimestre 2018, l’entreprise a gagné l’équivalent du montant de l’amende « toutes les cinq minutes et demie », note le Guardian. En raison de la période sur laquelle portait l’enquête, les pénalités autrement plus sévères prévues par le tout nouveau règlement européen sur la protection des données, qui permet aux régulateurs d’attribuer des amendes allant jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial d’un groupe, ne pouvaient s’appliquer.

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Les poursuites contre Facebook au Royaume-Uni ne vont cependant pas s’arrêter là. L’ICO a annoncé avoir ouvert une seconde enquête, portant cette fois sur le service « catégories partenaires » du réseau social, qui permettait jusqu’à mai 2018 aux annonceurs de cibler des personnes grâce aux données fournies par des entreprises ayant un accord avec Facebook. « Bien que le service ait été arrêté en Europe, l’ICO a lancé une nouvelle enquête plus étendue », écrit le régulateur britannique.

La responsable de la vie privée de Facebook, Erin Egan, a réagi à l’annonce de l’amende en rappelant que, « comme dit précédemment, nous avons ouvert notre propre enquête interne sur les activités de Cambridge Analytica en 2015. Nous avons collaboré étroitement avec l’ICO et leur enquête, comme nous le faisons aux Etats-Unis et dans plusieurs autres pays ». Une réponse insuffisante, a jugé Damian Collins, le chef de l’ICO, interrogé par la BBC : « Ce sujet ne peut pas être uniquement traité par une enquête interne et secrète de Facebook », a-t-il dit. « Si d’autres développeurs ont violé la loi, nous avons le droit de le savoir, et les utilisateurs dont les informations ont pu être mal utilisées doivent être informés. »