Eden Hazard salue Hugo Lloris et Olivier Giroud, à la fin du match, mardi 10 juillet à Saint-Pétersbourg. / David Vincent / AP

Deux jours avant le début de la Coupe du monde, Eden Hazard avait prédit sur son compte Twitter la demi-finale entre la Belgique et la France, ainsi que la présence de l’Angleterre dans le dernier carré. Pas mal. Mais le Nostradamus de La Louvière prédisait ensuite la qualification de son équipe pour la finale le 15 juillet à Moscou. Il n’avait juste pas vu venir sa chute contre les Bleus (1-0 ce mardi à Saint-Pétersbourg).

A chaud, le capitaine belge avait l’élimination amère. Il n’était pas le seul. Les Diables rouges reconnaissaient bien la défaite, moins une possible supériorité française dans le jeu. « Nous n’étions pas inférieurs à cette équipe de France », a déclaré ainsi le défenseur Vincent Kompany. « Je ne dirais pas que l’équipe en face était meilleure que nous. Elle a bien défendu à 35 mètres du but », a poursuivi le gardien, Thibaut Courtois. Le disque était le même chez Hazard. « Je préfère perdre avec cette Belgique que gagner avec cette France », déclarait-il devant les journalistes flamands du quotidien Het Nieuwsblad.

« On a eu le contrôle du jeu sans être dangereux »

Un joueur, deux ambiances. Au micro de la RTBF, le même Hazard se montrait plus conciliant ou diplomate. C’est selon. « On n’a pas trouvé la faille, je n’ai pas trouvé la petite étincelle pour marquer un but. On a été bons pendant quatre-vingt-dix minutes, on a eu le contrôle du jeu sans être dangereux. » L’analyse vise juste. Sa Belgique a eu la maîtrise du ballon mais a manqué de chance, d’inspiration et peut-être de ce petit supplément d’âme qui fait la différence. Lui s’est pourtant démené comme un beau diable. Son entame de match a donné des sueurs froides au camp tricolore. Sans cesse, il a provoqué balle au pied et tenté de forcer la décision. Jusqu’à la fin, le danger est surtout venu de ses multiples accélérations et de ses dribbles chaloupés.

Malgré toute son abnégation, Hazard n’a jamais trouvé la faille. Il y a toujours eu un pied français (ou la tête de Varane sur une frappe qui prenait le chemin des filets en première mi-temps), une maladresse d’un partenaire ou une touche de balle de trop de sa part pour annihiler ses actions. Et la meilleure attaque du tournoi avec 14 buts est restée muette. A l’instant décisif, la Belgique a chuté et connu sa première défaite en 25 rencontres. Frustrant, surtout après l’exploit réalisé en quart de finale face au Brésil (2-1). Ce soir-là, Hazard avait réussi dix dribbles sur dix tentés. Un bel hommage face au pays qui a enfanté les Garrincha, Rivelino ou Ronaldinho.

Mais dans sa chambre d’enfant à Braine-le-Comte, à 50 km de la frontière française, le futur Diable dormait plutôt sous un poster de Zinédine Zidane, cette idole qui aurait bien aimé le recruter au Real Madrid bien des années plus tard. Au milieu des années 2000, alors que son pays traverse un désert (aucune qualification en Coupe du monde entre 2002 et 2014), le Wallon porte un maillot des Bleus et soutient alors la France. « Eden est presque français », déclarait avant la demi-finale son coéquipier à Chelsea Olivier Giroud.

Dans une famille où, du père à la mère en passant par ses deux frères (l’un d’eux, Thorgan, dispute aussi le Mondial avec la Belgique comme remplaçant), tout le monde est ou a été footballeur de haut niveau, la carrière de l’aîné a débuté en France à 14 ans du côté du centre de formation de Lille, malgré les sollicitations du Standard de Liège ou d’Anderlecht, les deux grands clubs belges. A peine deux ans plus tard, l’entraîneur nordiste Claude Puel, conscient de tenir « un phénomène », lui offrait ses grands débuts en Ligue 1.

Remobilisation

A partir de 2009 et pendant quatre années, il allait presque rafler toutes les récompenses individuelles : sacré meilleur espoir en 2009 et 2010, puis meilleur joueur du championnat en 2011 et 2012. Surtout, cinquante-sept ans après un dernier titre, le Belge menait le LOSC à un fantastique doublé Coupe de France-Championnat en 2011.

Fer de lance d’une génération dorée, qui n’était jusqu’à présent jamais parvenue à dépasser les quarts de finale d’une grande compétition (Mondial 2014 et Euro 2016), Eden Hazard a encore un objectif à atteindre. La Belgique n’a en effet jamais fait mieux que quatrième d’un Mondial. En 1986 au Mexique, les Pfaff, Scifo et Vercauteren s’étaient inclinés 4-2 lors de la petite finale face à une équipe de France bis.

« On a montré qu’on avait une très belle équipe. On va continuer à travailler ensemble et tenter de gagner le prochain match. Terminer troisième, ça serait une très bonne Coupe du monde », ajoute en bon capitaine Eden Hazard, pour remobiliser les troupes. A 27 ans, il sait qu’il aura certainement encore une ou deux autres occasions de viser plus haut. L’unique titre du football belge date déjà des Jeux olympiques d’Anvers en 1920.