Un peu plus d’un électeur malien sur trois a récupéré sa carte électorale pour voter au scrutin présidentiel le 29 juillet, a-t-on appris mercredi 11 juillet de sources concordantes. Un peu plus de 3 millions, sur 8 millions d’électeurs inscrits, ont retiré leur carte, selon un document du ministère de l’administration territoriale consulté par l’AFP, avec d’importants écarts géographiques, notamment un taux de 12 % à Kidal (nord) et 24 % à Mopti (centre), contre plus de 53 % à Sikasso (sud) et Ségou (centre).

La cheffe des observateurs de la mission d’observation électorale de l’Union européenne (UE), Cécile Kyenge, s’est déclarée « soucieuse du rythme de distribution des cartes d’électeurs à près de deux semaines du scrutin », tout en se disant « persuadée de la bonne volonté du gouvernement ». « La sécurité de la campagne électorale et du scrutin représente un autre défi majeur, notamment dans le centre et le nord » du pays, a-t-elle souligné lors d’une conférence de presse à Bamako.

Jusqu’à quatre-vingts observateurs

Au cours de son séjour de 48 heures qui s’achève jeudi soir, elle a rencontré 17 des 24 candidats, dont le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, élu en 2013, et le chef de l’opposition, Soumaïla Cissé. La mission européenne compte un premier groupe de vingt observateurs, assistés par dix analystes, et ses effectifs doivent atteindre quatre-vingts le jour du scrutin.

La communauté internationale, présente notamment avec la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) et la force française « Barkhane », attend de cette élection une relance de l’application de l’accord de paix signé en mai-juin 2015 par le gouvernement, les groupes qui le soutiennent et ceux de l’ex-rébellion, qui accumule les retards.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaida à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touarègue. Cette dernière s’était abord alliée à ces groupes avant d’être évincée des zones qu’elle contrôlait. Les djihadistes en ont été en grande partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire, qui se poursuit actuellement.

Depuis la signature de l’accord de 2015, les violences ont non seulement persisté, mais se sont propagées du nord vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins, se mêlant souvent à des tensions ou des conflits intercommunautaires.