Une enquête a été ouverte au Cameroun après la publication sur les réseaux sociaux d’une vidéo devenue virale, montrant des hommes armés, présumés militaires camerounais, exécuter deux femmes, une fillette et un bébé qu’ils accusent d’être des complices du groupe djihadiste nigérian Boko Haram.

Dans une déclaration à la presse, le porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma Bakary a dénoncé, mercredi soir 11 juillet, une « fake news », qualifiant cette vidéo d’« horrible trucage ».

« Néanmoins (…), le chef de l’Etat [Paul Biya] a prescrit l’ouverture d’une enquête conformément aux usages en la matière », a-t-il ajouté.

Vidéo non authentifiée

Dans la vidéo, publiée mardi et vue des milliers de fois sur les réseaux sociaux, on voit des hommes vêtus de tenues militaires semblables à celles de certaines unités de l’armée camerounaise. Avant de les exécuter, ces hommes qualifient les deux femmes, en français, de « BH » (pour Boko Haram), précisant qu’elles ont été capturées lors d’un assaut contre les djihadistes. Mercredi soir, il n’était pas possible de dater ou d’authentifier de source indépendante cette vidéo.

Deux sources sécuritaires camerounaises ont néanmoins indiqué à l’AFP que la vidéo pourrait avoir été filmée dans une zone montagneuse de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, frontalière de certains bastions nigérians de Boko Haram.

L’armée camerounaise y est engagée pour contrer les incursions fréquentes de combattants du groupe djihadiste.

« Intoxication du public »

Pour Issa Tchiroma, « le paysage et le relief indiquent clairement que l’on se trouve en zone sahélo-saharienne. (…) En pareille circonstance, il est constant que les tenues de combat utilisées par l’armée camerounaise sont toujours de type sahélien », a-t-il continué, soulignant « que les hommes concernés [dans la vidéo] arborent des uniformes bariolés, pour certains de type forêt ».

De plus, « des voix off [ont été] approximativement apposées sur des séquences visuelles », a-t-il encore affirmé, estimant qu’il s’agissait d’« une malheureuse tentative de transfiguration de la réalité et d’intoxication du public ».

La diffusion de cette vidéo très violente a provoqué la polémique et l’indignation sur les réseaux sociaux. Une ONG locale, le Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Rhedac), a affirmé avoir « recoupé » les informations contenues dans cette vidéo, disant être en mesure d’attester de « son authenticité ».

L’armée camerounaise est régulièrement accusée par des ONG de perpétrer des exactions contre des personnes soupçonnées d’appartenir au groupe Boko Haram, ce qu’elle a toujours démenti.