Des milliers de candidats à une première année d’études supérieures ont vu apparaître une nouvelle information sur leur dossier Parcoursup, jeudi 12 juillet : le « pourcentage de candidats ayant accepté la proposition » affiché pour chacune des formations sélectives qu’ils ont demandées et où ils sont « en attente d’une place ». Un taux qui oscille entre 95 % et 100 %, ce qui a eu pour effet d’inquiéter de nombreux candidats. Sullian, élève de terminale S, détaille :

« En me connectant ce matin pour constater l’évolution des listes d’attente, j’ai vu un message jaune pétant qui m’annonçait que 100 % des places disponibles étaient acceptées par des candidats dans mon vœu préféré en attente. Et c’est le cas sur tous mes autres vœux en attente. Parcoursup ne donnant pas plus d’informations sur ce nouveau type de message, cela m’a un peu découragé. »

Même sentiment de la part de Marie, qui a découvert que la formation qu’elle souhaite le plus, ainsi que ses deux autres vœux en attente, affichent complet : « J’ai pensé que je n’allais jamais pouvoir accéder à la formation (je suis pourtant première sur la liste d’attente) mais je compte garder le vœu, au cas où il y ait une future modification. » Comme ces deux candidats, des dizaines de lycéens s’inquiétaient jeudi sur Twitter de ces taux laissant penser qu’il ne sert plus à rien d’espérer obtenir une place dans les formations concernées.

« Ces chiffres ne veulent rien dire »

Mais à quoi correspondent vraiment ces chiffres ? Sur le compte Twitter officiel de Parcoursup, le ministère de l’enseignement supérieur répond à une candidate étonnée qu’il s’agit « du pourcentage de candidats qui ont accepté définitivement la formation ou qui l’ont accepté en maintenant des vœux en attente ». En clair, ce taux tient compte de tous les candidats ayant répondu « oui définitif » (ils n’ont donc conservé aucun vœu en attente) ainsi que de tous ceux qui ont répondu « oui », tout en maintenant un ou plusieurs vœux où ils sont « en attente d’une place ». Et en cette période de la procédure, il tend forcément vers 100 % : le nombre de places est bien inférieur au nombre de demandes, et dès qu’une place se libère, elle est proposée à un autre candidat.

Il s’agit donc d’une information ni utile ni nouvelle, selon un professeur d’une classe préparatoire scientifique d’une ville moyenne :

« Ces chiffres ne veulent rien dire. Ça fait plusieurs semaines que nous affichons des taux de “oui” et “oui en attente” proches de 100 %. Mais pour autant nous sommes loin d’avoir fait le plein. Ce qui importe vraiment, c’est le taux de “oui définitif” : or, dans ma prépa, nous avons à peine onze “oui définitif” pour quarante places, soit seulement 28 %. Mais cette information n’est pas publiée sur Parcoursup… »

Son cas n’est pas isolé : des enseignants d’autres classes préparatoires s’inquiétaient, lundi, de n’avoir rempli que 50 % de leurs places avec des « oui définitifs », soit bien moins rapidement qu’en 2017, quand la procédure Admission post-bac était en vigueur.

Pourquoi, dans ce cas, avoir publié cette information ? « J’ai le sentiment que l’objectif est de faire que les candidats renoncent à des vœux pour que la procédure s’accélère », décrypte l’enseignant de classe préparatoire, et ce, alors que le nombre de candidats n’ayant encore reçu aucune proposition reste élevé comparé à l’an dernier à la même période, du temps de la procédure Admission post-bac : 109 508, contre 86 969 le 14 juillet 2017, soit 21 % de plus.

Sollicité jeudi matin sur l’intérêt de cette nouvelle donnée, le ministère n’avait pas donné suite cinq heures plus tard. Mais l’hypothèse semble être confirmée par un autre tweet du compte de Parcoursup. A une candidate qui dénonce « une donnée inutile qui va inciter beaucoup de gens à renoncer », il répond : « Elle vous permet de juger en fonction de votre position en liste d’attente s’il est pertinent de maintenir votre vœu. »

« Des places se libèrent encore très régulièrement »

Si le but du ministère peut être d’inciter les candidats à libérer des vœux en attente pour permettre qu’un plus grand nombre d’entre eux reçoit une ou des propositions d’admission, il n’est pas dans l’intérêt d’un candidat de renoncer à un ou des vœux qui l’intéresseraient vraiment.

C’est ce qu’explique Concours Avenir, qui réunit une dizaine d’écoles d’ingénieurs post-bac recrutant sur Parcoursup, sur son compte Facebook :

« Attention : depuis jeudi matin, pour tous les candidats encore en liste d’attente dans les écoles du Concours Avenir, il est désormais possible de connaître le “taux de remplissage” de l’école concernée. Ce taux prend en compte les inscrits définitifs. Mais aussi les candidats qui sont encore en attente d’une autre formation (et donc non inscrits). Pas d’inquiétudes. Nous vous conseillons donc de conserver votre place en liste d’attente car des places se libèrent encore très régulièrement et se libéreront probablement jusqu’au 5 septembre », date de la fin de la procédure normale de Parcoursup.

« Il y a toujours de l’espoir, analyse également le père d’une élève de terminale qui espère intégrer une prépa littéraire où elle demeure en liste d’attente. Personnellement j’ai déconseillé à ma fille d’aller consulter ce taux, ça risque de la décourager. On va donc attendre quelques jours de plus avant de renoncer à ce vœu. »