Le talc pour bébé Johnson & Johnson. / FREDERIC J. BROWN / AFP

Le groupe pharmaceutique américain Johnson & Johnson (J & J) s’est vu condamner jeudi 12 juillet à verser 4,69 milliards de dollars de dommages dans un procès intenté par 22 femmes et leurs familles, qui accusaient un talc vendu par le groupe d’avoir provoqué les cancers dont elles ont été victimes. Il s’agit d’un nouveau rebondissement dans ce dossier pour lequel plusieurs milliers d’actions en justice ont été intentées contre J & J.

Selon l’avocat représentant les victimes, Mark Lanier, un jury composé de six hommes et six femmes d’un tribunal de St. Louis (Missouri) a décidé de condamner le groupe pharmaceutique après six semaines de procès et huit heures de délibéré. Les dommages se composent de 550 millions de dollars en dommages compensateurs et plus de 4,1 milliards de dollars de dommages punitifs.

Les plaignantes affirmaient que l’utilisation du talc pour leur toilette intime avait provoqué des cancers des ovaires. « Depuis plus de 40 ans, Johnson & Johnson a dissimulé les preuves de la présence d’amiante dans ses produits », a accusé M. Lanier dans un communiqué. « Nous espérons que ce verdict attirera l’attention du conseil d’administration de J & J et l’incitera à mieux informer la communauté médicale et le public du lien entre l’amiante, le talc et le cancer des ovaires », a-t-il poursuivi, en demandant au groupe pharmaceutique de retirer les produits concernés du marché.

La défense parle de « préjugés »

Dans un communiqué, J & J s’est dit « profondément déçu par le verdict ». Celui-ci « résulte d’un processus inéquitable qui a vu les plaignants représenter un groupe de 22 femmes dont la plupart n’ont pas de connexion avec le Missouri mais qui ont été rassemblées dans un seul cas et affirmant toutes qu’elles ont développé un cancer des ovaires », a dit le groupe. « Le verdict, qui a accordé le même montant de dommages à chacune des plaignantes sans tenir compte de leur cas individuel et des différences juridiques, reflète le fait que les preuves présentées dans cette affaire ne pouvaient tenir face aux préjugés que comporte ce genre d’instruction ».

J & J a réaffirmé que le talc qu’il commercialise ne contient pas d’amiante et ne provoque pas de cancer des ovaires, en faisant part de son intention de recourir « à toutes les procédures d’appel à sa disposition ».

Plusieurs procès se sont déjà tenus pour les mêmes motifs et une cour d’appel de Los Angeles (Californie) avait notamment donné raison en octobre dernier à J & J en rejetant une condamnation de 417 millions de dollars de dommages et intérêts, estimant que les arguments de la plaignante étaient insuffisants et vagues.