Deux jeunes gens ont été tués et une vingtaine blessés au Nicaragua au cours d’une attaque des forces progouvernementales contre une église où étaient retranchés des dizaines d’étudiants opposants au régime et fuyant une attaque contre l’Université nationale autonome (UNAN).

Les deux jeunes ont été tués d’une balle dans la tête, l’un à l’intérieur de la paroisse et l’autre sur une barricade, ont raconté des témoins. Le cardinal Leopoldo Brenes, le président de la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN), a qualifié le gouvernement d’« unique responsable » de ces évènements et l’a appelé à « arrêter le massacre ».

Ce bilan vient alourdir le décompte des morts et des blessés de la crise qui sévit actuellement dans le pays sud américain : au total, plus de 270 personnes ont trouvé la mort et quelque 2 000 ont été blessées dans les violences qui secouent le Nicaragua depuis trois mois, selon la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

Les étudiants survivant sont sortis samedi 14 juillet à la suite d’une médiation de l’Eglise catholique. Très influente au Nicaragua, cette dernière demande des élections anticipées, refusées par le président Ortega. Lundi, une centaine de partisans de Daniel Ortega et de paramilitaires avaient agressé des prélats catholiques dans une basilique.

Pays le plus pauvre d’Amérique centrale

Les étudiants sont le fer de lance d’un mouvement massif de protestation déclenché le 18 avril contre le président Ortega, 72 ans, arrivé à la tête du Nicaragua, le pays le plus pauvre d’Amérique centrale, en 2007, après l’avoir déjà dirigé de 1979 à 1990. Il est accusé d’avoir durement réprimé les manifestations et mis en place avec son épouse une « dictature » marquée par la corruption et le népotisme.

Vendredi, l’Alliance civique pour la démocratie et la justice, coalition de l’opposition, a lancé une grève générale pour exiger le départ du président. A Masaya, la ville la plus rebelle du pays située à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, des partisans de Daniel Ortega ont « tiré avec des armes de gros calibre » dans le quartier de Monimbo, tuant « un policier et un manifestant », a affirmé Alvaro Leiva, un responsable de l’Association nicaraguayenne des droits de l’homme (ANPDH).

Le président nicaraguayen avait mobilisé ses soutiens : des fidèles de M. Ortega étaient partis de Managua à bord de centaines de véhicules et à moto, agitant des drapeaux rouge et noir du Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gauche), le parti au pouvoir.

Le chef de l’Etat et son épouse Rosario Murillo, qui occupe les fonctions de vice-présidente, se trouvaient dans ce convoi qui commémorait un épisode-clef de la révolution sandiniste de 1979. « Nous invitons tout le monde (...) à choisir le chemin de la paix », avait lancé M. Ortega devant un commissariat de police à Masaya, protégé par de nombreux policiers antiémeute lourdement armés. Pour le gouvernement, les protestataires sont des « délinquants » issus de la « droite putschiste » soutenue par les Etats-Unis.