Le gouvernement de Giuseppe Conte refuse, pour l’instant, que les bâteaux accostent dans un port italien. / JON NAZCA / REUTERS

Un nouveau bras de fer oppose samedi 14 juillet l’Italie à Malte, après le transbordement de quelque 450 migrants sur deux navires militaires dans les eaux italiennes. Une embarcation de bois partie depuis la Libye avait été repérée, vendredi 13 juillet à l’aube, dans les eaux internationales mais dans la zone d’intervention maltaise.

Dans un échange de messages, e-mails et appels téléphoniques entre les autorités des deux pays, Rome a tenté vendredi de faire prendre la responsabilité de ces migrants à Malte.

La Valette a répliqué en affirmant que l’embarcation était bien plus proche de l’île italienne de Lampedusa que de son propre territoire, soulignant que les migrants ne voulaient pas d’aide maltaise mais souhaitaient poursuivre leur route vers l’Italie.

Malte a réitéré samedi avoir respecté « toutes les obligations prévues par les conventions internationales » en ce qui concerne les secours en mer.

Samedi matin, ils ont donc été transbordés à bord de deux navires mais leur sort demeure incertain. Huit personnes, des femmes et des enfants, ont été transportées pour des raisons médicales sur l’île de Lampedusa.

Certains migrants se seraient jetés à l’eau en voyant les deux navires militaires, un italien et un anglais dans le cadre de la mission européenne Frontex, obligeant ainsi les secours à intervenir.

Rome demande une redistribution immédiate des migrants

Selon des sources de la présidence du conseil des ministres, citées par les médias italiens, M. Conte a l’intention de réclamer aux autres pays de l’Union européenne la redistribution immédiate des migrants, faute de quoi leur débarquement en Italie serait interdit.

Le ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini a insisté auprès du chef du gouvernement Giuseppe Conte pour que les deux navires aient pour instruction de « faire route vers le sud, la Libye ou Malte ».

« Il faut un acte de justice, de respect et de courage pour lutter contre les trafiquants d’êtres humains et susciter une intervention européenne », a dit le ministre, également chef du parti d’extrême droite la Ligue, selon son entourage, cité par les agences.

Cette situation rappelle celle du navire humanitaire allemand Lifeline avec ses 233 migrants à bord, obligé d’attendre une semaine en mer l’issue d’un bras de fer entre La Valette et Rome, avant d’être autorisé à accoster à Malte.

En poste depuis le 1er juin, Matteo Salvini, qui veut réduire à zéro le nombre de migrants arrivant sur les côtes italiennes, a décidé il y a un mois d’interdire l’accès aux ports italiens aux ONG qui portent secours aux migrants en Méditerranée, position qui marque la nouvelle ligne dure de l’Italie en matière migratoire.

Il souhaite désormais élargir cette interdiction aux navires des missions internationales en Méditerranée, la position de l’Italie étant de partager avec l’Union européenne la gestion des flux migratoires.