Les forces de sécurité afghanes interviennent après un attentat suicide à Jalalabad, à l’est de Kaboul, le 11 juillet 2018. / AP

Mille sept cents civils ont été tués en Afghanistan au cours des six premiers mois de l’année, pour la plupart dans des attentats du groupe djihadiste Etat islamique (EI), le pire bilan en dix ans, selon l’ONU.

En dépit de trois jours de cessez-le-feu en juin entre talibans et forces gouvernementales, la période du 1er janvier au 30 juin s’avère la plus meurtrière depuis que la Mission d’assistance des Nations unies à l’Afghanistan (Manua) a commencé à compter les victimes civiles, en 2009, selon son bilan semestriel, publié dimanche 15 juillet.

La capitale, Kaboul, et la province du Nangarhar, dans l’Est, ont été les plus touchées.

Le 30 avril, un double attentat-suicide au milieu de journalistes accourus pour couvrir une première explosion au siège du renseignement afghan dans la capitale a fait vingt-cinq morts, dont neuf journalistes. Parmi eux, le chef photographe de l’AFP Shah Marai.

Dans le Nangarhar, le nombre de victimes civiles a pratiquement doublé en un an (304 morts, 607 blessés) du fait des attentats, y compris durant le cessez-le-feu, dont l’EI était exclu.

Au total 5 122 victimes, morts et blessés, ont été enregistrées sur ces six mois, dont 1 692 civils tués pour plus de la moitié (52 %) dans des attentats attribués à l’EI.

La préparation des élections législatives d’octobre, les premières depuis 2010, s’accompagne de violences supplémentaires, relève l’ONU : 117 personnes ont été tuées et 224 blessées dans des attentats contre les centres d’inscription sur les registres électoraux, ouverts le 14 avril.

Opérations aériennes

Les talibans, qui ont observé la trêve de l’Aïd-El-Fitr avec le gouvernement du 15 au 17 juin, sont responsables de 40 % des morts au cours de la même période, estime l’ONU. Un attentat à l’ambulance piégée revendiqué par les talibans à la fin de janvier à Kaboul avait fait plus de 100 morts au cœur de la ville.

Dans ce conflit qui s’éternise — près de quarante ans au total, dont dix-sept depuis l’arrivée des Américains, en octobre 2001 —, les attentats constituent désormais le principal danger pour les civils. Les combats terrestres n’arrivent qu’au deuxième rang des causes de mortalité et de blessures dans la population, en baisse de 18 % sur la période.

« Le bref cessez-le-feu a prouvé qu’il est possible d’arrêter les combats et que les civils afghans n’ont pas à subir plus longtemps les brûlures de la guerre », a déclaré Tadamichi Yamamoto, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, commentant le rapport.

Pour la Manua, l’expansion des opérations aériennes a également entraîné une très forte augmentation du nombre de victimes civiles dues aux bombardements aériens — en hausse de 52 % — comparé à la même période l’an dernier, avec 149 morts et 204 blessés civils.

Plus de la moitié de ces victimes (52 %) sont attribuables aux forces aériennes afghanes et 45 % aux avions américains, les seuls de la coalition occidentale conduite par l’OTAN à mener des opérations.