Manifestation à Bassora, le 15 juilllet. / AP

L’accès à Internet en Irak est fortement perturbé depuis ce 15 juillet, alors que des manifestations ont eu lieu dans le sud du pays pour protester contre la déliquescence des services publics, le chômage et la corruption, qui ont fait au moins cinq morts et des dizaines de blessés en une semaine. Lancé à Bassora, la principale province pétrolière du pays, le 8 juillet, le mouvement s’est durci et s’étend désormais à toutes les provinces du Sud chiite. Dimanche 15 juillet, de nouveaux heurts ont opposé les forces de sécurité aux manifestants, faisant au moins deux morts et des dizaines de blessés.

Ce samedi, l’accès à Internet a été quasi totalement coupé dans le sud du pays. La coupure a touché le réseau du fournisseur d’accès à Internet EarthLink, qui est le seul fournissaur d’accès à Internet (FAI) opérant à Bassora et dans la région. Cette coupure globale s’est doublée d’une censure ciblée des réseaux sociaux sur les réseaux des autres FAI. Plusieurs témoignages montrent la mise en place d’un filtrage DNS touchant Facebook, WhatsApp et d’autres services – une méthode de censure simple à mettre en place mais facilement contournable.

La coupure est nettement visible sur ce graphique représentant le nombre de connexions à YouTube. / Google

Une coupure politique

Le Gulf Centre for Human Rights (GCHR) a condamné cette coupure du réseau, dénonçant « une menace directe contre la liberté d’expression en ligne ». L’Irak procède régulièrement à des coupures d’Internet à l’échelle du pays dans les périodes d’examen, comme mesure de lutte contre la triche. Mais les coupures visant à limiter la capacité d’organisation de manifestants sont rares dans le pays, et généralement limitées dans leur ampleur et leur durée.

En 2011, en plein cœur de la contestation massive qui avait abouti à la chute du gouvernement de Hosni Moubarak, l’Egypte avait été le premier pays à couper quasi totalement l’accès à Internet sur son territoire de manière intentionnelle. D’autres pays coupent ponctuellement l’accès au réseau, dont l’Algérie, là aussi durant les périodes d’examens, ou l’Iran, pour limiter la contestation sociale.