N’en déplaise à Donald Trump, les Européens ont rejeté, lundi 16 juillet, la demande des Etats-Unis d’isoler économiquement l’Iran. Les Vingt-Huit ont adopté un instrument juridique pour protéger les entreprises européennes présentes dans ce pays contre les sanctions américaines, a annoncé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

« Nous avons approuvé l’actualisation du statut de blocage et nous prenons toutes les mesures pour permettre à l’Iran de bénéficier des retombées économiques de la levée des sanctions », a expliqué Mme Mogherini à l’issue d’une réunion avec les ministres des affaires étrangères des Etats membres de l’UE.

La loi de blocage européenne entrera en application le 6 août, date du premier volet des sanctions américaines. Le second volet entrera en vigueur le 4 novembre, pendant les élections de mi-mandat aux Etats-Unis.

Ce règlement établi en 1996 doit permettre de contrer le fait que les sanctions américaines s’appliquent à toutes les entreprises et personnes physiques dans le monde, en vertu du principe de l’extraterritorialité du droit américain. Nombre de grandes entreprises européennes comme le groupe pétrolier Total ont décidé de se retirer d’Iran s’ils ne sont pas exemptés des sanctions américaines.

Washington a refusé d’en dispenser les entreprises européennes après avoir dénoncé l’accord sur le nucléaire avec l’Iran.

« L’exercice est difficile »

Federica Mogherini a reconnu que « l’exercice est difficile » car le poids des Etats-Unis dans l’économie mondiale « n’est pas négligeable ». Et d’avertir :

« Je ne suis pas en mesure de dire si nos efforts vont suffire, mais nous faisons tout ce que nous pouvons pour éviter que l’accord sur le nucléaire avec l’Iran ne meure, car les conséquences seraient catastrophiques pour tous. »

Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, a insisté pour sa part sur « la nécessité de permettre à l’Iran de continuer à vendre son pétrole » :

« L’UE et les autres signataires de l’accord conclu avec Téhéran en 2015, la Chine et la Russie, cherchent un mécanisme financier permettant de garantir à l’Iran la capacité d’exporter son pétrole. »

Le secteur de l’énergie a fourni 50 milliards de dollars (42 milliards d’euros) de recettes à l’Etat iranien en 2017, selon les données européennes. Les ressources proviennent essentiellement du pétrole, car les exportations de gaz sont très faibles – 10 milliards de mètres cubes en 2017.

L’Iran exporte 3,8 millions de barils de pétrole par jour ; 20 % sont achetés par l’UE et 70 % par la Chine et d’autres pays d’Asie, d’après les chiffres de l’UE. Les services du commissaire européen à l’énergie, Miguel Arias Cañete, travaillent sur ce mécanisme et « des propositions sont attendues », a-t-on dit de source diplomatique.

L’euro et non plus le dollar devrait être la devise utilisée pour les transactions sur le pétrole iranien, réglées via des transferts entre les banques centrales européennes et la banque centrale iranienne. Des assurances seront en outre souscrites dans les Etats européens importateurs pour les cargaisons, comme cela se fait en Grèce, en France et en Italie.