Candidat à la succession de Lloyd Blankfein, le PDG de la banque, David Solomon est un amateur de vin et un gourmet qui anime la chronique gastronomique new-yorkaise. / Andy Wong / AP

Banquier à Wall Street le jour, DJ et fin gourmet animant la chronique gastronomique new-yorkaise la nuit. A 56 ans, David Solomon vient d’être propulsé PDG de Goldman Sachs, au moment où la banque d’affaires cherche à conquérir les ménages, dix ans après la crise financière provoquée par des crédits « subprime » conçus par des tradeurs.

David Solomon prendra ses fonctions le 1er octobre, tandis que son prédécesseur immédiat, Lloyd Blankfein, quittera l’entreprise en fin d’année, a fait savoir la banque. Le nouveau patron adoptera d’abord le costume de directeur général, et la casquette de président du conseil d’administration restera sur la tête de Lloyd Blankfein, 63 ans, jusqu’en fin d’année et sera ensuite récupérée par David Solomon.

« Je suis honoré et ému d’avoir l’occasion de diriger Goldman Sachs et j’apprécie la confiance que Lloyd [Blankfein] et le conseil d’administration ont placée en moi », a réagi David Solomon, qui devient le dixième patron dans l’histoire de Goldman Sachs.

« Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu »

M. Blankfein est l’un des deux derniers PDG d’une grande banque américaine qui étaient aux commandes lors de la crise financière de 2008. L’autre est Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase, la première banque américaine en matière d’actifs.

En novembre 2009, M. Blankfein avait essuyé des critiques lorsqu’il avait comparé son travail à celui de Dieu : « Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu », avait-il déclaré en pleine crise financière, provoquée par des produits financiers complexes, conçus par des tradeurs, adossés à des crédits immobiliers toxiques qui avaient été accordés à des ménages américains fragiles.

Le départ de M. Blankfein coïncide avec la perte d’influence des tradeurs à Wall Street sous l’explosion de la technologie dans la finance et le succès des banquiers conseillant les entreprises dans leurs transactions.

Les robots, qui peuvent désormais analyser des données, élaborer des stratégies d’investissement, procéder à des arbitrages et passer des ordres d’achat ou de vente d’action grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, ont fait leur entrée dans les salles de marchés.

Firme des tradeurs, Goldman Sachs veut se diversifier

M. Solomon fait partie de ceux qui ont poussé pour une diversification de Goldman Sachs vers les activités classiques (financement de l’économie par les crédits accordés aux ménages et aux entreprises et épargne…).

La banque est actuellement engagée dans une conquête du grand public pour compenser le déclin des activités de courtage, qui firent sa réputation pendant près de cent cinquante ans : la banque s’était notamment imposée à partir des années 1960 comme la firme des tradeurs en créant une division chargée de spéculer sur des produits dérivés, des matières premières, des devises, des obligations et des bons du Trésor entre autres.

L’établissement a lancé il y a peu Marcus, une plate-forme en ligne d’octroi de prêt aux ménages et aux PME et s’apprête à commercialiser sa première carte bancaire en partenariat avec Apple. Il est en outre en train d’ouvrir des bureaux dans des villes de taille moyenne aux Etats-Unis et veut aider les entreprises à gérer leur trésorerie.

« Goldman Sachs ressemble de plus en plus à une banque commerciale et est d’ailleurs considérée désormais comme telle par les régulateurs », souligne William Cohan, ancien banquier d’affaires ayant travaillé chez Bear Stearns, comme David Solomon.

Amateur de vin et DJ

M. Solomon est aussi un grand amateur de vin et un gourmet, qui anime la chronique gastronomique new-yorkaise. L’agence Bloomberg a réalisé un long reportage, en mai 2017, sur ses restaurants préférés dans Manhattan, des institutions vénérables ou des nouveautés branchées. Le New York Times a découvert sur son compte Instagram une vidéo de jeunes vacanciers se déhanchant sur la plage : le DJ, dont le nom de scène est D-Sol, n’était autre que David Solomon.

A Goldman Sachs, M. Solomon a déjà commencé à pousser vers un changement de culture, notamment en demandant d’embaucher et de promouvoir davantage de femmes dans un milieu dominé par les hommes. En attendant, la banque d’affaires a annoncé mardi un gros bénéfice trimestriel, de 2,35 milliards de dollars, en hausse de 44 %.