LES CHOIX DE LA MATINALE

Le stand-up à l’américaine s’exporte de plus en plus. Pour se plonger dans cet univers, on regardera la série I’m Dying Up Here, qui se déroule dans les années 1970, ou bien Luckie Louie, créée par Louis C.K, le célèbre acteur et humoriste new-yorkais tombé en disgrâce. Un univers qui n’est pas si éloigné de celui de Girls, la série de Lena Dunham, qui chronique la jeunesse de Brooklyn des années 2010.

« I’m Dying Up Here » : plus noire sera la chute

Le dernier épisode de I’m Dying Up Here vient d’être rendu disponible en conclusion des douze qui constituent la saison 2 de cette formidable série, qui aura malheureusement fait couler moins d’encre que d’autres. Elle s’inscrit pourtant dans une vogue qui voit la comédie de stand-up prendre une importance de plus en plus grande – notamment sur Netflix. En plus des nombreux spectacles inscrits à son programme – dont celui, en anglais, du Français Gad Elmaleh –, la plate-forme de vidéo à la demande a annoncé le 10 juillet qu’elle allait enregistrer dans différents pays 47 sessions d’une demi-heure, qui seront disponibles en 2019.

Mais I’m Dying Up Here se tient à une époque – les années 1970 – où le genre n’était pas aussi couru qu’aujourd’hui. Elle offre une peinture douce-amère du métier, à travers une bande de comiques que « lance » la patronne d’un club de Los Angeles, jouée par la formidable Melissa Leo. La deuxième saison propose un tableau de plus en plus noir de ce milieu. Le dernier épisode s’achève sur une séquence dramatique, qui pourrait signifier la fin de I’m Dying Up Here ou l’arrivée d’une troisième saison. Sans avoir été un échec, la série de David Flebotte, produite notamment par Jim Carrey, n’a pas été non plus un succès. La chaîne Showtime, aux Etats-Unis, n’avait annoncé la deuxième saison qu’en septembre 2017, quelques semaines après la fin de la première. Espérons qu’il en sera de même cette année. Renaud Machart

« I’m Dying Up Here » (saison 2), série créée par David Flebotte. Avec Melissa Leo, Ari Graynor, Clark Duke, Brad Garrett (EU, 2018, 12 x 54 min.) Canal+ à la demande.

« Lucky Louie » : aux prémices de « Louie »

Depuis que Louis C.K. a été accusé de comportements inappropriés (il a reconnu s’être masturbé devant des actrices), le comédien et réalisateur a disparu du paysage. Sa merveilleuse série Louie (2010-2015) et ses spectacles de stand-up ne sont plus visibles sur les plates-formes de vidéo à la demande, et OCS, qui avait diffusé les cinq saisons de Louie en France, ne l’a pas réinscrite à son programme depuis les ennuis de son anti-héros. Aussi, le retour, sur OCS GO à la demande, de Lucky Louie (2006) – une sorte de « brouillon » en forme de sitcom de Louie – laisse espérer un retour en grâce de Louis C. K. On avouera que, en dépit de la présence de Pamela Adlon (cocréatrice avec Louis C.K, de la jolie série Better Things, pendant féminin de Louie), le ton sitcom et ses rires de rigueur ne sont pas notre tasse de thé. Mais l’humour y est souvent irrésistible. R. Ma.

« Lucky Louie », série créée par Louis C. K. Avec Louis C.K. et Pamela Adlon (EU., 2006, 13 x 21 min.) OCS GO à la demande.

« Girls » : un quatuor détonant dont on ne se lasse pas

Sans être dépourvu de sorties régulières en matière de séries, l’été est propice aux rediffusions – un terme impropre, car sur les sites de replay ou de vidéo à la demande, elles y restent souvent à demeure. Alors que le vacarme qui suivait la proclamation de la Coupe du monde battait son plein, on aura eu envie de revoir la première saison de Girls (2012-2017), la série créée par Lena Dunham, qui en interprète le rôle principal. On comprend mieux pourquoi ces quatre filles – Hannah l’intello délurée, Shoshanna la toquée, Marnie la coincée, Jessa la cool – ont conquis leur vaste public. Tout en se référant dès le premier épisode à l’une de ses inspirations, la série Sex and the City (1998-2004), Girls a su faire le portrait renouvelé de quatre jeunes New-Yorkaises – vingtenaires, celles de Sex and the City étaient trentenaires et plus – des années 2010, avec une finesse et une crudité de ton plus grandes encore. Les garçons qui croient ne pas aimer les « séries de filles » auraient tort de ne pas y jeter un œil. Ils s’y retrouveront, traités eux aussi sur un ton délicieusement aigre-doux. R. Ma.

« Girls » (saison 1), série créée par Lena Dunham. Avec Lena Dunham, Allison Williams, Jemima Kirke, Zosia Mamet, Adam Driver, Alex Karpovsky, Christopher Abbott (EU, 2012, 10 x 26 min.) OCS Go à la demande.