Documentaire sur France 5 à 20 h 55

Rien ne sert de courir, il faut partir à poil. Nans et Mouts – alias Nans Thomassey et Guillaume Mouton – sont de retour pour le troisième et dernier volet de leurs tribulations nord-américaines. Six ans déjà que ces vagabonds en herbe arpentent le monde, uniquement vêtus de leurs caméras (du moins au départ). Après avoir débarqué nus comme des vers au Québec, goûté les spécialités culinaires et autres joies locales, les deux hommes s’approchent enfin de leur but : construire une cabane. Pas au fond du jardin, mais dans la forêt, au bord du lac Saint-Jean.

Voilà donc les comparses arrivés au septième jour de leur aventure. Vêtements, bois, outils, matériel de menuiserie : en une semaine, ils sont parvenus à récupérer un barda composite. Leur route les a menés jusqu’à Jean, qui, après avoir sillonné la planète (à pied, s’il vous plaît) pendant onze ans, vit désormais dans les bois.

Passé l’élaboration du plan de construction, direction le lac Saint-Jean, en auto-stop. Au gré de leurs errances, les deux « pouceurs », comme on dit au Québec, vont faire des rencontres bienheureuses, dans tous les sens du terme. Car leur voyage se révèle être une quête spirituelle et philosophique. « Y a comme une grâce qui nous accompagne », concluront-ils.

« Veinards inconscients »

Des familles qui les accueillent au conducteur sceptique qui les alerte avec bienveillance des dangers et de l’insouciance de leur projet, tous les personnages s’avèrent attachants. Nos deux as de la récup se définissent d’ailleurs comme des « veinards inconscients ». Pourtant, si tout semble réussir à nos baroudeurs, leurs pérégrinations restent peuplées d’imprévus. Elément non négligeable pour assurer une forme de dramatisation du récit.

Au-delà de l’aspect « système D », cet épisode rend compte de l’ouverture et de la générosité des Québécois et de leurs communautés autochtones, marquées par l’Histoire. En se filmant eux-mêmes, Nans et Mouts captent de magnifiques morceaux de vie, authentiques, avec une bonne humeur terriblement communicative. Au fil de ce roman d’apprentissage animé, on pleure, on rit, on se réjouit. Et surtout, on (re)trouve foi en l’humanité.

Nus et culottés. Objectif lac Saint-Jean, 3/3, de Guillaume Mouton, Nans Thomassey et Charlotte Gravel (Fr., 2018, 52 min).