Documentaire sur France 5 à 20 h 55

Outre d’infinis trésors de patience, les documentaristes animaliers doivent faire preuve d’ingéniosité pour saisir dans ses dimensions les plus secrètes et intimes le grand spectacle de la nature. Mais aussi tenter de se distinguer, au milieu d’une offre abondante, en renouvelant point de vue et regard. Et quoi de mieux pour y parvenir que de céder sa caméra aux animaux eux-mêmes. C’est le pari simple – au moins sur le papier – qu’a tenté Gordon Buchanan dans cette série en deux volets produite par la BBC. Une série dont le défi technique est subordonné à une ambition scientifique : percer les mystères d’une espèce ou d’un phénomène qui la touche afin de mieux protéger cette espèce.

Labyrinthiques terriers

Jouant en quelque sorte les auxiliaires scientifiques, Gordon Buchanan et ses équipes techniques se sont rendus en Afrique centrale pour étudier les chimpanzés dans la canopée, et tout particulièrement l’aptitude d’une jeune femelle orpheline à se réinsérer dans un groupe. Ou en Patagonie, pour suivre en pleine mer des manchots de Magellan – dont la manière de s’alimenter pourrait être à l’origine de la mortalité qui touche leur progéniture ; certaines années, son taux s’élèverait à près de 60 %. Ou en Afrique du Sud, pour s’introduire dans les labyrinthiques terriers des suricates, ou encore, dans le bush, pour résoudre un conflit de voisinage entre des babouins et les fermiers excédés de voir leurs récoltes pillées et saccagées.

Si les cameramen à pattes ne reçoivent aucune formation particulière, leur équipement, dont on suit la préparation méticuleuse, est taillé sur mesure, selon leur morphologie et l’environnement dans lequel ils évoluent. Couleur, souplesse, légèreté, lumière infrarouge pour les prises de vues nocturnes, tout est conçu pour faire oublier ce matériel grâce auquel soudain s’entrouvre un monde jusqu’alors inconnu.

Un suricate équipé d’une caméra ultra-légère. / BBC/FRANCE 5

Ici, pas ou peu de paysages grandioses, le spectacle se joue ailleurs. Dans l’intimité d’images qui épousent les mouvements des corps, nous entraînant à courir avec de jeunes guépards dans la savane, à virevolter d’arbre en arbre dans la forêt camerounaise, à plonger dans les grands fonds sur le dos d’une otarie. Avant de se lover auprès d’une mère suricate et de ses petits.

Caméra à la patte, de Dan Rees (GB, 2018, 2×50 min).