Affaire Benalla : la vidéo qui accuse
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L’affaire Benalla a pris une nouvelle tournure vendredi 20 juillet avec l’annonce, par l’Elysée, d’une procédure de licenciement visant Alexandre Benalla ainsi que son placement en garde à vue.

La diffusion de vidéos montrant ce chargé de mission auprès du chef de cabinet de la présidence de la République et chargé de la sécurité, identifié par Le Monde en train de frapper un jeune homme lors des manifestations du 1er mai, a suscité un flot de critiques et de questions, et entraîné des réactions en chaîne.

  • Des « faits nouveaux », Alexandre Benalla bientôt licencié

Sous la pression, l’Elysée a finalement lâché Alexandre Benalla, quarante-huit heures après les premières révélations du Monde. Les sanctions prises jusqu’à présent, une mise à pied de deux semaines avec suspension de salaire et un changement d’affectation, étaient un « dernier avertissement avant licenciement », avait déclaré jeudi le porte-parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit.

Arguant de « faits nouveaux constitutifs d’une faute commise » et faisant « l’objet d’une procédure judiciaire », l’Elysée a annoncé vendredi avoir « pris la décision d’engager la procédure de licenciement d’Alexandre Benalla ». Sans donner plus de détails, la présidence a justifié cette décision par le fait que celui-ci, « aux fins de prouver son innocence, […] aurait été destinataire d’un document de la préfecture de police qu’il n’était pas autorisé à détenir ».

Tout porte à croire qu’il s’agit d’images de vidéosurveillance, en lien avec l’enquête préliminaire ouverte, qui ont été « indûment communiquées à un tiers dans la soirée du 18 juillet », comme l’a révélé la préfecture de police dans un communiqué de presse, vendredi. C’est pour avoir extrait ces images que trois cadres de la préfecture de police de Paris ont été suspendus, jeudi soir, à titre conservatoire. Des agissements condamnés « lourdement » par le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb.

  • Alexandre Benalla et Vincent Crase placés en garde à vue

Dans la matinée, M. Benalla a été placé en garde à vue à Paris dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte la veille. Il est visé pour des faits de « violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public », « usurpation de fonctions », « port illégal d’insignes réservés à l’autorité publique » et « complicité de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection ».

L’enquête a été ouverte à l’initiative du parquet de Paris, et les investigations ont été confiées à l’inspection générale de la police nationale et à la brigade de répression de la délinquance contre la personne.

Vincent Crase, un gendarme réserviste et agent d’accueil pour La République en marche (LRM), qui accompagnait Alexandre Benalla et les forces de l’ordre lors des manifestations du 1er mai, a également été placé en garde à vue vendredi pour « violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public » et « usurpation de fonctions ».

  • Le directeur de cabinet de l’Elysée entendu comme témoin

Supérieur hiérarchique de M. Benalla à l’Elysée, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a été entendu jeudi comme témoin dans l’enquête. C’est lui qui avait délivré une autorisation à Alexandre Benalla pour assister en tant qu’« observateur » à la manifestation parisienne du 1er mai.

Contacté par Le Monde avant la publication de l’article révélant les brutalités commises par M. Benalla, M. Strzoda avait affirmé avoir convoqué son collaborateur le 1er mai après avoir vu les vidéos des violences. Le directeur de cabinet assurait également avoir aussitôt prévenu le président de la République, alors en déplacement en Australie.

Selon nos informations, Alexandre Benalla disposait d’un certain nombre de privilèges auprès de l’Elysée. L’ancien « M. Sécurité » du président de la République avait ainsi lui-même déclaré être domicilié, depuis le 9 juillet, dans une dépendance de l’Elysée, au 11, quai Branly, dans le très chic 7e arrondissement de Paris. Outre ce prestigieux logement de fonction, il dispose également d’une voiture avec chauffeur.

  • Commissions d’enquête et motion de censure

Alors que l’enquête judiciaire en est à son commencement, beaucoup de questions restent sans réponse : pourquoi l’Elysée n’a-t-il pas pris de sanctions plus fortes ? Pourquoi n’a-t-il pas signalé les agissements de M. Benalla à la justice ? Pourquoi celui-ci a-t-il continué à travailler pour l’Elysée ?

Vendredi, les débats parlementaires ont encore été parasités par l’affaire, alors que la commission des lois de l’Assemblée nationale a annoncé la veille s’être transformée en commission d’enquête pour une durée d’un mois, afin de faire la lumière sur « les événements survenus à l’occasion de la manifestation parisienne du 1er mai ». La commission des lois du Sénat a annoncé de son côté qu’elle auditionnera Gérard Collomb en début de semaine prochaine et qu’elle demandera également, lundi, les prérogatives d’une commission d’enquête, pour une durée de six mois. De leur côté, les députés de La France insoumise ont proposé à tous les parlementaires de déposer ensemble une motion de censure du gouvernement.

L'affaire Benalla paralyse l'Assemblée nationale
Durée : 01:35

Au cœur de la tourmente, Emmanuel Macron est resté stoïque et silencieux, refusant à de multiples reprises de répondre aux questions des journalistes alors qu’il était en déplacement en Dordogne jeudi. Vendredi, contrairement aux usages en vigueur lors d’une visite de chef d’Etat, le déjeuner de M. Macron avec le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, n’a pas été suivi d’une conférence de presse commune des deux dirigeants.

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