Octopath Traveler reprend tous les codes des jeux de rôle des années 1990. / Nintendo

Où suis-je ? Qui suis-je ? Sommes-nous bien en 2018 ? Dès les premières minutes d’Octopath traveler, le jeu de rôle de Square Enix sorti ce 13 juillet sur Nintendo Switch, on se retrouve confronté à des questions quasi-existentielles. Non pas parce que le scénario du jeu est particulièrement déroutant — il s’agit d’un jeu de rôle japonais tout à fait classique. Mais parce que cette étrange création brouille, à dessein, les frontières entre le monde d’aujourd’hui et celui d’il y a vingt ans.

Les personnages sont bien dessinés façon 16-bits. Mais avec trop de couleurs et de détails. le monde est bien en fausse 3D, mais avec une profondeur de champ très jolie bien qu’un peu perturbante. Est-ce un coup du mode 7 de la Super Nintendo ? Pas du tout. Nous sommes bien sur Switch, le jeu est bien sorti en 2018, mais il épouse à tel point les codes des grands succès du jeu de rôle des années 1990 qu’on pourrait presque s’y méprendre.

Comme son nom le sous-entend, Octopath traveler narre les aventures de huit personnages, tous en quête de quelque chose — un être cher, la reconnaissance, leur honneur. Au fur et à mesure que l’on complète les quêtes de chacun, ces aventuriers vont rejoindre votre groupe, et c’est à vous de choisir quels arcs narratifs vous souhaitez privilégier.

Octopath Traveler - Overview Launch Trailer - Nintendo Switch
Durée : 04:37

Dur métier, que celui d’aventurier en chef. Car rapidement, votre groupe comptera cinq, six, puis huit personnages — et vous ne pouvez en contrôler que quatre en même temps. Il faudra alors faire des choix déchirants. Tout coûte cher dans le monde d’Octopath traveler, et vous n’aurez pas les moyens de vêtir et d’armer tout le monde avec les meilleurs objets. De même, ne comptez pas pouvoir maximiser les statistiques de tout le groupe, à moins d’investir des dizaines d’heures dans des combats répétitifs. Dans tous les cas, le farming d’ennemis sera par moments une nécessité. Sans être outrageusement dur, le jeu compte des boss plutôt retors, qui nécessitent un peu de préparation. Heureusement, le système de combat, au tour par tour, n’est pas désagréable — il emprunte aux grands classiques du genre, avec des clins d’œil appuyés à Final Fantasy VI et ajouts contemporains inspirés notamment de Bravely Default, comme les faiblesses et les jauges de coups doublés.

La magie des grands classiques

Alors oui, Octopath traveler comporte quelques défauts agaçants. Il donne souvent une impression de fausse liberté, avec des chemins en réalité très scriptés ; il se montre régulièrement beaucoup trop bavard, avec de longues séquences explicatives ; et ses superbes effets de profondeur masquent parfois la suite du chemin.

Mais ce sont, en quelque sorte, les défauts de ses qualités. Les longues plages de dialogues servent à installer l’histoire des personnages, dont le sentimentalisme parfois exacerbé est en tout point fidèle aux jeux des années 1990. Les graphismes en fausse 3D réussissent à évoquer, infiniment mieux qu’un remake haute définition mais sans âme, les meilleurs décors de Secret of Mana ou de Chrono Trigger.

C’est le principal point fort d’Octopath traveler, notamment pour les joueurs les plus âgés : cette impression précieuse de jouer, pour la première fois, à Final Fantasy VI. On se laisse absorber dans ce jeu comme dans un bon souvenir. A tel point que lorsqu’on repose enfin la manette, après avoir atteint le point de sauvegarde, on s’étonnerait presque d’avoir pu jouer aussi longtemps sans l’intervention d’un parent nous intimant d’aller jouer dehors. Comme quoi, tout n’était pas mieux avant.

L’avis de Pixels

On a aimé :

  • Un vrai Final Fantasy VI modernisé
  • Beaucoup de variété dans les personnages et les choix tactiques
  • Des combats épiques, des tonnes d’histoires, de l’humour…

On a moins aimé :

  • Des passages qui manquent de rythme
  • Des éléments « à l’ancienne » qui ont mal vieilli (farming, quêtes annexes rarement trépidantes)
  • C’est souvent trop scripté

C’est plutôt pour vous si :

  • Vous avez appelé vos enfants Terra, Gau et Celes.
  • Vous rongez vos ongles en priant pour la sortie d’une version traduite de Seiken Densetsu 3
  • Vous adorez jongler entre plusieurs histoires et gérer méticuleusement inventaire, expérience et progression

Ca n’est pas pour vous si :

  • Vous avez une Megadrive tatouée sur le mollet gauche
  • Vous ne jurez que par les mondes ouverts
  • Le pixel art vous laisse de marbre et vous pensez que le retrogaming est un truc de hipsters bobos

La note de Pixels :

412/547 XP