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Who is America ? - 1er épisode avec "Bernie Sanders" - CANAL+
Durée : 00:36

On connaissait la ­capacité de l’acteur­­ ­britannique Sacha ­Baron Cohen à aller toujours trop loin dans le mauvais goût, à « coincer » ses victimes (en général nord-américaines et célèbres) en se faisant passer pour d’improbables personnages incarnés avec un rare talent de transformiste dans des films réalisés par Larry Charles.

Après Ali G (2002) – dont le personnage principal était apparu dans la série télévisée Da Ali G Show, en 2000 –, Borat (2006), Brüno (2009) et The Dictator (2012), voici l’étonnant trublion parti tenter de définir « qui est l’Amérique » au long d’une ­série documentaire parodique (« mocku­mentary », disent les Anglo-Saxons). Who Is America comptera sept épisodes, diffusés de manière hebdomadaire jusqu’au 26 août, sur Showtime, aux Etats-Unis, et dans la foulée sur Canal+, en France.

Sacha Baron Cohen y incarne Billy Wayne Ruddick Jr., un conservateur très à droite, et Dr. Nira Cain-N’Degeocello, à l’extrême opposé de l’arc politique, qui ­s’excuse « d’être un Blanc cisgenre hétérosexuel », traverse le pays à vélo, rencontre « respectueusement » des républicains et tente de « résorber la fracture » du pays…

On fait aussi la connaissance de Rick Sherman, un ancien prisonnier dont le travail de plasticien consiste à faire des portraits à ­partir de ses déjections et fluides corporels et, enfin, d’Erran Morad, un colonel de l’armée israélienne qui trouve une oreille attentive chez certains politiciens proarmes.

Si Bernie Sanders reste relativement calme et distant devant la bêtise surjouée de Ruddick, deux soutiens de Trump s’alarment quelque peu quand le Dr. Nira Cain-N’Degeocello évoque, au cours d’un dîner, sa manière de lutter contre les stéréotypes de genre en faisant uriner son fils (« Harvey Milk ») assis et sa fille (« Malala ») debout.

Il explique aussi comment il ­invite cette dernière à « souiller le drapeau américain de ses règles » pour lui rappeler que la « fondation des Etats-Unis s’est faite dans un bain de sang… » Et de préciser devant ses hôtes, blêmes, que cette activité est soutenue par la Fondation Clinton…

Une arme à feu dès l’âge de 3 ans

Le clou du premier épisode est quand Erran Morad parvient à convaincre différents représentants politiques de l’aile droite des républicains de le soutenir dans sa volonté de faire accéder les enfants à une arme à feu dès l’âge de 3 ans…

Evidemment, une fois de plus, Sacha Baron Cohen dissout ­volontairement la ligne de démarcation entre information et parodie et entraîne ses victimes – qui savent qu’elles sont filmées – dans un piège qui peut, dans le meilleur des cas, les ridiculiser, dans le pire, les compromettre.

Même si l’on est horrifié de voir certains hommes politiques se prêter sans sourciller – ou à peine – au tournage d’une publicité pour des armes à feu en forme de jouets, on est cependant mal à l’aise devant la généralisation du principe de la duperie. Mais jouer avec les « fausses informations » est la marque de fabrique bien connue de Sacha Baron Cohen.

La presse internationale reste assez partagée au sujet de Who Is America. Le journal britannique The Guardian, sous la plume de Lucy Mangan, résume bien ce sentiment : « Comme dans les précédents [films de Sacha Baron ­Cohen], il n’apparaît pas toujours clairement qui ou quelle est la cible, et, le plus souvent, les entretiens semblent finir par révéler davantage la force de la politesse des gens que celle de leur crédulité. »

Who Is America, de et avec Sacha Baron Cohen (EU, 2018, 7 × 27 min).