Alexandre Benalla, un collaborateur d’Emmanuel Macron que Le Monde a identifié sur une vidéo en train de frapper un manifestant le 1er mai, disposait d’un badge d’accès à l’Assemblée nationale en tant qu’employé de la présidence de la République. C’est ce qu’ont dévoilé les députés Les Républicains Marc Le Fur et Christian Jacob samedi 21 juillet dans l’hémicycle, s’interrogeant sur les motifs de cette accréditation.

Le Monde a pu consulter la fiche d’informations confirmant l’existence d’une accréditation, accordée à Alexandre Benalla. Il s’agit d’un badge « H » qui donne accès à l’hémicycle, un niveau d’autorisation supérieur à celui des simples collaborateurs, et dont la date de début est fixée au 24 juillet 2017. La majorité et l’opposition divergent en revanche sur le sens à donner à l’octroi d’un tel sésame à un collaborateur chargé de questions de sécurité.

Dans un communiqué, la présidence de l’Assemblée a fait savoir que ce badge avait été attribué à M. Benalla « à la demande du directeur de cabinet du Président de la République (…) en sa qualité de charge de mission auprès du chef de cabinet du Président de la République ».

La droite critique l’octroi de ce badge

Le député LR et vice-président de l’Assemblée nationale Marc Le Fur est le premier à avoir évoqué publiquement l’existence de ce badge, qui « a été retiré il y a trois jours » au collaborateur de l’Elysée, selon lui. Soit le 18 juillet, jour des premières révélations du Monde. L’élu des Côtes-d’Armor s’est étonné de l’existence de cette accréditation, la jugeant injustifiée :

« Cela veut dire quoi ? Jusqu’à présent, Monsieur Benalla ne disposait pas de fonctions politiques. Hors, mes chers collègues, ceux qui disposent d’un tel badge font de la politique puisqu’ils assistent à l’hémicycle. Ils ne font pas de la sécurité, ils font de la politique. »

Marc Le Fur a par ailleurs demandé à savoir « qui a demandé un tel badge [et] pourquoi on a demandé un tel badge ? » ainsi que la mise en place de mesure pour que de tels « incidents » ne « puissent plus intervenir ». Interrogé par Le Monde, Marc Le Fur a confirmé que « ce n’est pas un badge du tout-venant, c’est le badge du niveau le plus élevé qui soit ! Du niveau du cabinet du président de l’Assemblée ! »

Son homologue LR de Seine-et-Marne et président du groupe Christian Jacob a également demandé « au nom de quelles fonctions [Alexandre Benalla] vient ici [à l’Assemblée nationale] ? […] Quel est le rapport entre la sécurité du président de la République et être ici dans l’hémicycle ? », a-t-il poursuivi, qualifiant par ailleurs M. Benalla de « barbouze ».

Une pratique « courante », selon François de Rugy

En vertu du principe républicain de séparation des pouvoirs, le président de la République ne peut pas participer aux séances parlementaires et ne se rend donc jamais à l’Assemblée. Pour autant, pour le président de l’Assemblée, François de Rugy, il n’y a rien d’inhabituel à ce qu’un collaborateur de l’Elysée dispose d’un tel accès au palais Bourbon. « Vous le savez sans doute, il y a pour accéder à l’Assemblée nationale plusieurs milliers de badges [dont] un certain nombre de collaborateurs de l’exécutif. Il en a toujours été ainsi », a-t-il répondu à Marc Le Fur.

Toujours selon François de Rugy, il s’agit de « pratiques courantes et normales » et « le badge a été immédiatement désactivé quand Monsieur Benalla s’est vu retirer les fonctions qu’il avait à la présidence de la République », sans préciser donner la date précise de cette décision. « Il n’y a donc rien de plus à en dire, tout cela se fait dans la logique de notre fonctionnement d’assemblée », appelant à ne « pas créer des polémiques inutiles ».