On les surnomme « les enfants perdus du Maroc ». Ces mineurs isolés, drogués et violents, qui ont surgi en 2017, dans le 18e arrondissement de Paris, plus précisément dans le quartier populaire de la Goutte-d’Or. Plus de deux ans après leur arrivée, les autorités françaises sollicite l’aide du Maroc, qui a dépêché des policiers dans la capitale pour identifier des mineurs en errance, en vue de leur éventuel rapatriement, a-t-on appris samedi 21 juillet auprès de la Chancellerie.

Une mission de six agents des ministères marocains de l’intérieur et des affaires sociales a été déployée dans la capitale française depuis le 18 juin, a précisé à l’Agence France-Presse cette source, confirmant des informations de L’Obs.

La situation des enfants des rues du quartier populaire de la Goutte-d’Or inquiète les autorités depuis l’arrivée des premiers mineurs en 2016. Souvent très jeunes, abîmés par la drogue et agressifs, ils vivent de larcins et dorment dans des squares, refusant toute main tendue.

« Rétablir les liens familiaux »

Selon la Chancellerie, « cette mission se donne pour objectifs de réaliser, sous l’autorité et avec l’appui des services de police et de justice français, l’identification des jeunes » placés en garde à vue ou présentés à un juge.

Elle tentera « de rétablir, en lien avec les autorités au Maroc, les liens familiaux, et quand cela s’avérera possible, d’envisager le retour de ces jeunes au Maroc, s’il est établi que ce retour correspond à l’intérêt supérieur de l’enfant », a ajouté cette source.

« Ces jeunes représentent une part très importante de l’activité de la permanence pénale du parquet des mineurs de Paris, puisque 813 d’entre eux ont été placés en garde à vue en 2017 et 482 ont été déférés au parquet. Ils refusent en général les prises en charge et fuguent des dispositifs de placement », a précisé le ministère de la justice. Cette situation a conduit Paris et Rabat « à renforcer leur coopération », a fait valoir la Place Vendôme.

Critiques

La révélation de l’envoi de fonctionnaires marocains à Paris a suscité de vives critiques dans les rangs des défenseurs des migrants mineurs. Quand ces enfants des rues « sont interpellés, on en profite pour les faire auditionner par des policiers marocains et ce, sans avocat présent. C’est contraire au droit et proprement scandaleux », a réagi Me Emmanuel Daoud.

« La situation est difficile, mais la réponse relève d’une opération quasi clandestine qui ne fait pas honneur au ministre de l’intérieur » Gérard Collomb, a affirmé l’avocat parisien.

Pour Me Daoud, « ces enfants étaient déjà dans la rue » avant d’arriver à Paris, « victimes de violences intrafamiliales » voire « aux mains de réseaux de traite d’êtres humains : ils vont devenir quoi si on les renvoie au Maroc ? »