Affiche du festival Lollapalooza-Paris 2018. / DR

Pour la deuxième année consécutive la version parisienne du festival américain Lollapalooza est venue s’installer pour un week-end à l’Hippodrome de Longchamp, près du Bois de Boulogne. Avec au centre de la pelouse sèche, d’un jaune de paille, une haute reproduction métallique de la Tour Eiffel. Samedi 21 et dimanche 22 juillet, elle était, comme en 2017, le lieu où il faut venir se prendre en photo ou se donner rendez-vous, le point de repère pour passer d’une scène à l’autre, les deux principales (main stage 1 et 2) côte à côte, à l’extrémité sud de l’hippodrome, et au nord, l’alternative stage, et sous un chapiteau arrondi la scène Perry’s pour la programmation électro du festival.

Dimanche 22 juillet, en milieu d’après-midi, le public était déjà bien nombreux, pour assister au concert de la chanteuse Dua Lipa. Nouvelle venue dans la variété pop, sa présence dans un dans un festival plutôt étiqueté rock – et ce dimanche l’était assez nettement avec notamment Tom Walker, BBrunes, Stereophonics, Noel Gallagher, The Killers, Gorillaz… – aurait pu paraître incongrue il y a encore quelques années. Dorénavant, pour les grosses structures, hormis les spécialisés reggae ou metal, il s’agit de représenter le spectre de styles le plus large possible, susceptible d’attirer chaque jour plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Dua Lipa - New Rules (Official Music Video)
Durée : 03:45

Au Royaume-Uni, en Amérique du Nord, dans plusieurs pays d’Europe du Nord, en Asie, Dua Lipa est déjà une vedette dont les concerts sont organisés dans de grandes salles et les principaux festivals. Sa tournée, commencée à l’automne 2017, compte plus de cent dates, dont près de la moitié en Amérique du Nord. En France, si ses chansons sont bien diffusées, son passage au Lollapalooza-Paris n’est que sa deuxième venue en France depuis la parution de son premier album Dua Lipa (Warner Bros. Records), en juin 2017. Un recueil de douze chansons, dont huit ont donné lieu à des singles à succès.

Une voix plus grave et plus expressive en concert

Devant la grande scène, les fans se pressent. Et celles et ceux qui ont eu la curiosité de découvrir à cette occasion la jeune anglaise âgée de 22 ans, viennent en nombre grossir les rangs. Avec Dua Lipa, deux choristes, deux danseuses, un batteur et deux claviéristes, l’un jouant aussi de la guitare, l’autre de la basse. Voix un rien plus grave, plus expressive durant ce concert que sur ses enregistrements en studio à la production pop-r’n’b passe-partout, Dua Lipa oscille entre des chansons dansantes – Blow Your Mind (Mwah), Dreams, Be The One, IDGAF, New Rules, dont le vidéo-clip a dépassé les 1,3 milliard de vues début juillet… - et des tempos plus lents, des climats un peu plus sombres, par lesquels elle fait entendre sa personnalité vocale – No Goodbyes, Homesick.

Lors de la 38e édition des Brit Awards, l’équivalent britannique des Grammy Awards, organisée à l’O2 Arena de Londres, le 21 février, Dua Lipa, nommée dans cinq catégories, a remporté les titres de découverte de l’année et d’artiste féminine de l’année. Depuis quelques semaines, des rumeurs la donnent comme étant la possible interprète de la chanson du prochain film de la série James Bond et la presse anglo-saxonne ne cesse de voir en elle la future star planétaire de demain. Pour l’heure, sur la grande scène du Lollapalooza-Paris, elle se révèle une plaisante interprète, avec des maladresses, un enthousiasme non feint, une spontanéité qu’il serait souhaitable qu’elle puisse maintenir.

Montée en intensité

Après Dua Lipa, le reste de la journée aura surtout valu pour les formations plus classiquement rock et le final avec Gorillaz. Avec une montée en intensité de groupe en groupe. Stereophonics d’abord, formé au debut des années 1990, qui convainc avec des interprétations énergiques de Caught By The Wind, I Wanna Get Lost With You, Sunny (même sans les arrangements de cordes de la version studio) ou Mr & Mrs Smith. A peine un dernier effet Larsen et c’est au tour de Noel Gallagher. Son frère Liam était ici en 2017 et les deux anciens d’Oasis se produisent en ce moment dans des festivals, mais pas dans les mêmes. A ses compositions, Noel Gallagher ajoute, comme son frère, des hymnes d’Oasis, Whatever, Wonderwall, Don’t Look Back In Anger qui emportent le public.

A ce doublé britannique, a succédé le quartette américain The Killers, venu avec trois choristes et un claviériste. Les airs entraînants s’enchaînent, The Man, en déploiement funky, Somebody Told me, Spaceman, Run For Cover, Smile Like You Mean It, Runaways, Human… Pied au plancher, emmené par son chanteur Brandon Flowers, le groupe sonne plus direct que sur ses disques en studio.

Gorillaz - Clint Eastwood (Vive Latino 2018)
Durée : 05:15

Enfin, en tournée des festivals d’été depuis début juin, pour accompagner la parution d’un nouvel album, The Now Now, Gorillaz, a terminé la soirée en grande forme. Avec un répertoire proche de celui entendu au Zénith, le 25 novembre 2017. Des classiques du groupe de Damon Albarn, Last Living Souls, Rhinestone Eyes, On Melancholy Hill, Dirty Harry, Feel Good Inc., Kids With Guns ou Clint Eastwood, plusieurs extraits du nouvel album dont Humility, Hollywood, Magic City, l’instrumental Lake Zurich, et surtout moins d’invités qui créaient un tunnel longuet en milieu de spectacle lors du tour précédent.

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Et pour Lollapalooza-Paris, c’est en compagnie de la chanteuse Jehnny Beth et de Noel Gallagher que Gorillaz a terminé son concert avec We Got The Power. L’un et l’autre présents sur la version studio de la chanson. Mais avec toute la vivacité du jeu en direct.