Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a rencontré les principaux responsables politiques libyens, lundi 23 juillet, pour pousser à des élections en décembre dans ce pays en proie au chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011.

« A Paris, les responsables libyens se sont engagés à tenir des élections présidentielle et législatives suivant un calendrier précis, d’ici la fin de l’année », a-t-il martelé à l’issue d’un entretien avec le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, à Tripoli.

« C’est ce à quoi aspirent les citoyens libyens (..) C’est le chemin à suivre et je suis venu rappeler ces engagements et ce calendrier à ceux qui les ont pris et partager cette démarche avec ceux qui n’étaient pas à Paris le 29 mai », a souligné le ministre.

Réunifier les institutions

Sept ans après l’intervention militaire occidentale, la Libye reste plongée dans l’instabilité, avec deux autorités politiques rivales, le GNA à Tripoli, reconnu par la communauté internationale, et un cabinet parallèle dans l’est du pays, la Chambre des représentants, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar et son armée.

Jean-Yves Le Drian s’est rendu dans le fief de chacun des protagonistes de l’accord de Paris. Outre M. Sarraj et le président du Conseil d’Etat (chambre haute), Khlaled Al-Mechri, à Tripoli, il a rencontré le maréchal Haftar à son QG de Benghazi (est) et le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, à Tobrouk (est), à 1 200 km de la capitale.

Les quatre responsables se sont engagés à organiser des élections le 10 décembre et à réunifier les institutions du pays, à commencer par la Banque centrale, gardienne des ressources tirées du pétrole.

Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves le Drian lors d’une rencontre avec le maréchal Khalifa Haftar, près de Benghazi, le 23 juillet 2018. / VALERIE LEROUX / AFP

Le « Parlement de Tobrouk » doit au préalable adopter une « base constitutionnelle », définissant les pouvoirs du président, et des lois électorales d’ici au 16 septembre, en vue d’un référendum, sur la base du projet proposé par l’Assemblée constituante en juillet 2017.

« J’ai entendu la grande détermination du président Salah (…) Je n’ai aucune inquiétude ni sur sa détermination ni sur le calendrier des différentes échéances à venir », a assuré Jean-Yves le Drian à Tobrouk.

Méfiance

Le ministre français a aussi fait étape à Misrata, la ville côtière à 200 km à l’est de Tripoli qui compte des milices parmi les plus puissantes du pays et n’avait pas été associée au processus de Paris. Il y a rencontré le maire Moustafa Kerouad, des élus locaux et des parlementaires.

La France « appuie les efforts de tous ceux » qui œuvrent pour des élections, a insisté M. Le Drian. Il a annoncé une contribution française d’un million de dollars (850 000 euros) pour l’organisation des scrutins.

L’initiative française suscite la méfiance des groupes hostiles à Khalifa Haftar, qui estiment que Paris n’est pas « neutre » et soutient le maréchal, perçu par la France comme un rempart contre le terrorisme avec son « armée nationale libyenne » autoproclamée.

« La France soutient l’ensemble des forces libyennes qui luttent contre le terrorisme partout sur le territoire (…) Ce combat, nous continuons de le mener ensemble », a répliqué M. Le Drian qui a rencontré à Tripoli des unités militaires antiterroristes sous contrôle du GNA.