Le président américain Donald Trump à son arrivée à l’aéroport de Dubuque, dans l’Iowa. / Evan Vucci / AP

Donald Trump a crié victoire jeudi devant les agriculteurs américains au lendemain de sa trêve dans les hostilités commerciales avec l’Europe, qui a pourtant suscité le scepticisme de Paris sur la concrétisation en actes des déclarations de bonnes intentions.

« Nous venons d’ouvrir l’Europe pour vous, agriculteurs », a déclaré le président républicain au cours d’une visite d’une ferme dans l’Iowa.

Washington et Bruxelles ont désamorcé mercredi la crise née des tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis, annonçant leur volonté de supprimer la quasi totalité des tarifs douaniers, ainsi qu’une série de décisions dans l’agriculture, l’industrie et l’énergie.

Si ces mesures doivent encore être formalisées, le secrétaire au Commerce Wilbur Ross y a vu « une justification réelle de la politique commerciale du président » américain contre les partenaires des Etats-Unis.

« Nous avons eu une longue session de négociation hier (mercredi). Nous avons défini les contours d’un accord et, désormais, nous allons les transformer en un véritable accord », a assuré le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, sur CNBC, au lendemain d’une réunion entre le président américain et le chef de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker.

La France dubitative

« Le contexte ne permet pas » une telle négociation, a rétorqué le président français Emmanuel Macron, depuis Madrid, soulignant qu’il attendait « des signaux de désescalade sur l’acier et l’aluminium auxquels des taxes illégales ont été appliquées par les Etats-Unis », comme « préalable à toute avancée concrète ».

« Une bonne discussion commerciale (...) ne peut se faire que sur des bases équilibrées, réciproques, et en aucun cas sous la menace », a ajouté le dirigeant français.

Alors que l’Union européenne est, depuis le 1er juin, sous le coup de taxes douanières punitives américaines de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium, Steven Mnuchin a reconnu que « le premier dossier » à régler était précisément celui concernant les taxes sur l’acier et l’aluminium et les représailles européennes qui ont suivi.

Interrogé sur le calendrier des négociations avec l’UE, Wilbur Ross a de son côté déclaré qu’il était « difficile de se prononcer ». « Les discussions sur le commerce durent en général des mois », voire des années, a-t-il observé devant des journalistes. « Nous allons nous efforcer de les accélérer », a-t-il ajouté.

Réactions contrastées en Europe

L’Allemagne, dont les excédents commerciaux records et l’industrie automobile sont dans le collimateur de la politique protectionniste du président américain, a jugé « constructif » le résultat de la rencontre Trump-Juncker.

En revanche, le ministre de l’Economie français, Bruno Le Maire, a estimé qu’« une bonne discussion commerciale ne peut se faire que sur des bases claires ». « Nous ne voulons pas entrer sur la négociation d’un grand accord dont nous avons vu les limites avec le TTIP », traité dont les discussions entre Bruxelles et l’administration de Barack Obama avaient échoué il y a deux ans, a prévenu le ministre français.

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Alors que Donald Trump a annoncé que l’Union européenne allait importer « beaucoup de soja » américain, dont 94% de la production est génétiquement modifiée, Bruno Le Maire exige aussi que l’agriculture « reste en dehors du champ des discussions ».

« Nous avons des normes sanitaires, alimentaires et environnementales élevées et des règles de production auxquelles nous sommes attachés parce qu’elles garantissent la protection et la sécurité de nos consommateurs », a-t-il insisté.