Le president de la Republique en visite au pic du Midi jeudi 26 juillet. / VINCENT NGUYEN / RIVA PRESS POUR LE MONDE

Trois jours loin de Paris et de l’affaire Benalla. Du pic du Midi à Lisbonne, en passant par Madrid. Et autant de belles images à montrer aux Français, celles d’un président qui manie la proximité aussi bien avec ses concitoyens qu’avec ses homologues européens. Emmanuel Macron s’est offert une parenthèse bienvenue, mercredi 25 et jeudi 26 juillet, profitant d’un déplacement dans les Hautes-Pyrénées, puis d’une visite de travail en Espagne, pour tenter de retrouver un peu d’oxygène, après dix jours empoisonnés par l’affaire Benalla.

Jeudi, en fin de matinée, le chef de l’Etat, qui affiche un sourire ostensible, savoure sa rencontre avec les habitants de La Mongie, la station de ski où, enfant, il passait ses vacances. Quelque cinq cents personnes sont venues l’accueillir. Le président prend les mains qui se tendent, embrasse le front des enfants. Des impatients qui veulent le faire venir vers eux entonnent une Marseillaise. Au même moment, au Sénat, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, est entendu par la commission d’enquête liée à l’affaire Benalla.

Si, au pied des montagnes, il n’y a personne pour rappeler à Emmanuel Macron les dérapages de son ancien collaborateur, les médias ne le lâchent pas. Ils se glissent dans la foule pour tendre leurs micros, multiplient les questions. « Vous êtes très excités par ces sujets. Moi ça fait deux heures que je suis avec les gens. Vous êtes les seuls à m’en parler », fait mine de s’esclaffer le président, qui a vivement attaqué la presse ces derniers jours. « Ils sont excités comme tout », insiste-t-il en se tournant vers les badauds, les prenant à témoin. L’affaire Benalla, « c’est une tempête dans un verre d’eau. Et, pour beaucoup, c’est une tempête sous un crâne », a-t-il lancé un peu plus tôt dans la matinée, à Campan, où il rencontrait des agriculteurs.

« Est-ce que vous êtes venu chercher du réconfort ? »

Puis, le chef de l’Etat inaugure le « ponton du ciel » du pic du Midi de Bigorre, une passerelle suspendue au-dessus de 1 000 mètres de vide, aux côtés de son allié François Bayrou, maire de Pau et président du MoDem, et de Carole Delga, présidente de la région Occitanie. « Le pic, ce point fixe. Même quand tout est bousculé, il y a des choses inaltérables », commente Emmanuel Macron.

« Est-ce que vous êtes venu chercher du réconfort ici ? », lui demande une femme dans la foule. « Non, je suis venu au contact de nos concitoyens avec le même plaisir que d’habitude », lui répond le président, qui effectue là sa dernière « déambulation » de la journée avant de s’envoler vers Madrid, où il doit dîner avec le roi Felipe VI d’Espagne. Il retrouve d’abord le président socialiste du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, lui aussi au cœur d’une crise politique, pour s’être rendu en avion officiel à un concert du groupe de rock The Killers.

« Comme à son habitude, le président ne prendra aucune question nationale à l’étranger », avait exceptionnellement prévenu l’Elysée en amont de ce voyage, consacré à la zone euro et aux migrations. Un code de conduite que le chef de l’Etat respecte de manière aléatoire et auquel il a dérogé, jeudi soir. « Il y a eu par voie de presse un emballement, a-t-il répété. Il y a un président de la République qui est au travail, qui continue et que rien ne troublera. » « Laissons tomber les polémiques artificielles et intéressons-nous aux vrais problèmes des citoyens », a ajouté Pedro Sanchez, interpellé sur ses propres démêlées, en justifiant l’usage de l’avion par « des règles de sécurité ». Un vrai front européen.