Le site de microblog Twitter perdait plus de 20 %, vendredi à New York, les investisseurs s’inquiétant de la baisse du nombre de ses utilisateurs, après le décrochage spectaculaire de Facebook, qui a accusé une baisse similaire, jeudi.

A la clôture de Wall Street, l’action du groupe abandonnait 20,56 % à 34,12 dollars, dans un marché en légère baisse.

Cette réaction rappelle celle qui a suivi les résultats de Facebook jeudi, l’action du premier réseau social du monde perdant 19 % en une seule séance.

Twitter a eu beau publier vendredi un bénéfice historique de 100 millions de dollars, le troisième trimestre d’affilée dans le vert après plus de dix ans de pertes, les regards se sont concentrés sur la fréquentation de la plateforme.

Le nombre d’utilisateurs actifs mensuels, paramètre publié chaque trimestre par le réseau social, a ainsi reculé d’un million, à 335 millions, alors que le marché l’attendait en légère hausse.

« Des vents contraires »

Dans les documents publiés vendredi et durant la conférence téléphonique de présentation, les dirigeants du groupe ont lié ce recul aux multiples initiatives de rationalisation et de nettoyage de la plateforme.

Twitter a fait un grand ménage depuis le début de l’année pour tenter de se débarrasser des utilisateurs qui tenteraient de se servir de ce canal à des fins de propagande ou de prospérer grâce à une économie de faux comptes et de faux abonnés.

Des dizaines de millions de comptes ont été supprimés à cette fin, même si le directeur financier, Ned Segal, a précisé vendredi qu’il s’agissait d’utilisateurs inactifs, non pris en compte dans la population des utilisateurs mensuels.

Twitter cherche aussi à rationaliser le fonctionnement de sa plateforme pour les utilisateurs, qui ont parfois du mal à faire un tri efficace dans le flux qui se déverse sur leur fil.

« Nous voulons que les gens se sentent libres de s’exprimer, en sécurité », a assuré M. Dorsey vendredi.

Mais la patience n’est pas la première des caractéristiques des marchés boursiers, qui ont surtout retenu vendredi la baisse du nombre d’utilisateurs.

Ils avaient déjà eu la main lourde avec Facebook la veille, après la publication de prévisions jugées pessimistes et d’une progression du nombre d’utilisateurs inférieure aux attentes.

« Le marché s’était emballé et les prix s’ajustent à des attentes plus modérées », selon Daniel Ives, responsable de la stratégie au sein du cabinet GBH Insights.

Pour lui, c’est surtout le résultat de la pression nouvelle mise sur les réseaux sociaux pour offrir davantage de sécurité à leurs utilisateurs, consécutive notamment au scandale Cambridge Analytica et à la mise en place de la directive européenne relative à la protection des données (RGPD). « Cela a créé des vents contraires », dit-il, qui amenuisent la capacité de ces sociétés à croître.