Les députés insoumis, communistes et socialistes ont décidé vendredi de surmonter leurs divisions pour déposer une motion de censure commune contre le gouvernement sur l’affaire Benalla, une première qui ne signifie pas, à les entendre, le retour de l’union de la gauche. Les représentants des groupes Nouvelles Gauche (PS), GDR (PCF) et LFI se sont retrouvés en début d’après-midi à l’Assemblée pour accorder leurs violons.

Le texte des trois groupes de gauche fera l’objet d’un débat commun avec la motion déposée par le groupe LR. Mais il y aura deux explications de vote et deux votes. Le président du groupe LR, Christian Jacob, défendra de son côté la motion de la droite.

Les députés des trois groupes de gauche ont précisé s’être accordés pour que le premier signataire de la motion soit André Chassaigne, le président du groupe GDR, Mme Rabault soulignant que « l’ensemble des présidents de groupe vont pouvoir s’exprimer » mardi.

Malgré une réunion de près de deux heures, ils ont assuré que trouver un accord avait été « très simple », expliquant avoir pris du temps pour rédiger le texte. Les élus sont allés déposer leur motion dans la foulée.

Ce texte, rendu public sur Twitter par le groupe Nouvelle Gauche, évoque « une crise politique » et des « dysfonctionnement graves au sommet de l’Etat », évoquant en détail les différents épisodes de l’affaire Benalla. Et de conclure :

« La confiance que le peuple doit accorder au gouvernement et dans ses institutions est donc compromise. L’Assemblée nationale doit pouvoir s’exprimer sur la responsabilité du gouvernement et lui retirer la confiance que son comportement a rompue. »

« Une droite et une gauche dans ce pays »

Les insoumis avaient été les premiers, il y a huit jours, à proposer le dépôt d’une motion de censure, eux-mêmes ne pouvant la déposer seuls, puisqu’ils ne sont que 17 et que le dépôt d’une motion requiert 58 signatures.

Jeudi matin, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, semblait encore loin de se rallier à cette solution. « Je pense que ce n’est pas la bonne façon de procéder », a estimé sur RMC le député de Seine-et-Marne à propos de la motion déposée par LR. Mais les députés PS n’avaient pas envie non plus de rester spectateurs de la motion LR.

« Toute la journée nous avons échangé sur le sujet. Olivier Faure a fait trancher la question en convoquant un bureau national extraordinaire du parti », fait savoir le député du Val-de-Marne Luc Carvounas.

« L’idée c’est d’affirmer qu’il y a une droite et une gauche dans ce pays. On était une bonne majorité à ne pas vouloir se mélanger avec LR (en votant sa motion) (...) Olivier Faure, il écoute, sa position évolue », décrypte un membre du bureau national.

Alliance « ponctuelle »

Jean-Luc Mélenchon a applaudi vendredi matin la décision du PS, se félicitant d’une « ambiguïté levée » sur sa ligne politique, et de l’émergence d’un « arc républicain ». « Le Parti socialiste est maintenant un parti d’opposition frontale au gouvernement », a-t-il salué en rappelant que lors du vote de la confiance au gouvernement, il y a un an, seuls trois socialistes avaient voté contre.

« On n’a pas du tout changé de doctrine par rapport à il y a un an mais on est aussi capable dans une négociation d’établir des compromis », a répondu Valérie Rabault. Pas question pour les socialistes de donner l’impression qu’ils sont à la remorque de M. Mélenchon. « Chacun garde ses spécificités. On signe un texte suffisamment consensuel pour que tout le monde s’y retrouve », souligne Mme Rabault.

Cette motion, « c’est pas la gauche plurielle », c’est « ponctuel », renchérit M. Faure. Preuve de ces divergences persistantes, le groupe des insoumis devrait voter le texte des Républicains, ce que ne feront sans doute pas les socialistes.

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