Dangereuses, faciles à dissimuler et quasi impossibles à contrôler. Les armes à feu en plastique réalisées avec des imprimantes 3D devraient en inquiéter plus d’un à l’avenir. Des élus américains s’alarment d’ores et déjà d’un récent jugement qui autorise la distribution gratuite aux Etats-Unis d’un programme d’impression en 3D d’armes de poing en plastique.

Après trois ans de batailles devant les tribunaux, le gouvernement américain a finalement conclu un accord à l’amiable avec un militant texan du port d’armes, Cody Wilson. Ce jeune libertarien âgé de 25 ans exigeait au nom du deuxième amendement de la Constitution américaine sur le droit à porter des armes, de permettre la fabrication d’armes chez soi, sans le contrôle des autorités car elles ne portent pas de numéro de série, et pour une somme modique.

Un accord resté secret jusqu’à récemment

Cet accord a été conclu le 29 juin entre le Département d’Etat, qui contrôle les exportations américaines d’armement, et le groupe Defense Distributed (DD) de M. Wilson. Son existence est restée secrète jusqu’à ce que des groupes militant pour un renforcement de la réglementation des armes aux Etats-Unis n’exigent sa publication la semaine dernière.

L’accord à l’amiable autorise « tout résident des Etats-Unis (…) à avoir accès, discuter, utiliser, reproduire ou bénéficier des informations techniques » mises à la disposition du public sur le site de Defense Distributed. Il prévoit que M. Wilson recevra près de 40 000 dollars au titre de dommages et intérêts.

N’importe quel possesseur d’une imprimante en 3D, dont le coût avoisine les 2 000 dollars, pourra donc à partir de la semaine prochaine se fabriquer une arme pour quelques centaines de dollars de plus avec un corps en plastique. Le site de DD invite même toute personne intéressée à télécharger le programme à partir du 1er août.

Une décision « inexplicable » pour des élus démocrates

Qualifiant cet accord à l’amiable de « stupéfiant » et la décision de dédommager Cody Wilson d’« inexplicable », cinq sénateurs démocrates ont exigé dans une lettre ouverte que le gouvernement justifie sa décision et leur fournisse des explications écrites.

« Cet accord permettra à ces manuels d’être postés en ligne pour une distribution illimitée à tous - y compris des criminels et des terroristes - aussi bien ici, aux Etats-Unis, qu’à l’étranger ».

« La décision de l’administration Trump ne fera qu’aggraver l’épidémie de violence armée aux Etats-Unis », ont ajouté jeudi 42 élus démocrates de la Chambre des représentants, notant que ces armes « ne portent pas le numéro de série d’un constructeur et peuvent être fabriquées avec des matériaux plastiques qu’il sera impossible de détecter aux contrôles de sécurité ».

« Nous ne devrions pas devoir attendre que quelqu’un tue une personne dans les bureaux de la Chambre des représentants après avoir franchi un contrôle de sécurité avec une arme en plastique imprimée en 3D pour faire quelque chose pour arrêter ceci », concluent ces mêmes élus démocrates.