Carles Puigdemont samedi 28 juillet à Waterloo (Belgique). / ERIC VIDAL / REUTERS

A peine a-t-il foulé le sol belge samedi 28 juillet, après quatre mois passé en Allemagne, où il avait été arrêté, que Carles Puigdemont a repris son combat pour une Catalogne indépendante. Lors d’une conférence de presse à la Délégation de la Catalogne auprès de l’Union européenne, à Bruxelles, il a appelé le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez à faire des actes concrets.

Egalement présent pour l’occasion, l’actuel président indépendantiste Quim Torra a pour sa part promis « plus de défaites à venir pour l’Espagne si elle continue » à ignorer le droit à l’autodétermination du peuple catalan.

« Nous sommes face à un problème politique qui a besoin d’une solution politique. Et la seule manière, c’est le vote. Cette équation est claire pour nous », a déclaré Quim Torra. « Voyons s’il y a un dialogue qui se transforme en actions », a poursuivi l’indépendantiste radical, à l’égard de l’actuel président socialiste, Pedro Sanchez.

M. Puigdemont a quant à lui affirmé que son « voyage » ne s’arrêterait pas là. « Il ne prendra fin que quand tous les prisonniers seront relâchés, que les personnes en exil pourront revenir et que les Catalans réaliseront leur droit à l’autodétermination sans menace de violence », a-t-il déclaré.

Pedro Sanchez pressé d’agir par les indépendantistes

Selon les deux hommes, Pedro Sanchez doit agir avant l’automne, c’est-à-dire avant le début des procès des dirigeants indépendantistes emprisonnés. Dans le cas contraire, les députés du parti démocrate européen catalan (PDeCAT) – dont est issu le président déchu - pourraient décider de bloquer l’activité du gouvernement.

A l’issue de cette conférence de presse, les deux leaders catalans ont participé à une fête visant à célébrer le retour de M. Puigdemont ainsi qu’à exiger la libération des prisonniers politiques et le retour des personnes en exil.

Comme d’autres dirigeants catalans, Carles Puigdemont avait quitté l’Espagne fin 2017 après que le gouvernement espagnol a mis sous tutelle la Catalogne qui venait de s’autodéclarer indépendante.

Après plusieurs mois en Belgique, il s’était fait intercepter en Allemagne suite aux mandats d’arrêt européen et international émis par l’Espagne contre lui et quatre de ses ministres régionaux.

Or, il y a dix jours, la justice espagnole a levé ces procédures suite à la décision du tribunal allemand de ne remettre M. Puigdemont à la justice espagnole que pour un délit de détournement de fonds publics et d’écarter le principal chef d’accusation : la rébellion, passible de trente ans de prison. Les mandats d’arrêt restent toutefois en vigueur en Espagne.

La Commission européenne ne veut pas s’impliquer

A la suite de ce dénouement, l’ancien président indépendantiste a donc choisi de revenir en Belgique pour poursuivre son combat. « Aucune nation n’est devenue indépendante en ayant la reconnaissance depuis le début, il faut y travailler. Je vais continuer à faire de l’internationalisation (…) depuis Bruxelles, mais en envisageant toute l’Europe », a-t-il affirmé, précisant qu’il n’avait toutefois nullement l’intention de demander l’asile en Belgique.

Interrogé sur ses rapports avec la Commission européenne, il a déclaré :

« J’ai été très déçu par la réaction des décideurs européens, pas à cause de leur opinion sur l’indépendance de la Catalogne, mais à cause de leur silence vis-à-vis des violations des droits fondamentaux. Mais l’Europe ne se résume pas à un bâtiment rempli d’états et d’hommes politiques. Il y a aussi les citoyens ».

La Commission européenne, de son côté, a déjà fait savoir que le retour de Carles Puigdemont en Belgique ne changeait rien : « Nous ne nous impliquerons pas là-dedans, notre position n’a pas changé ».

Est-ce que le mouvement indépendantiste est toujours bien présent en Catalogne ? Selon les propos de M. Puigdemont, la fête de la Catalogne le 11 septembre, la célébration du premier anniversaire du référendum catalan le 1er octobre ainsi que le début des procès des dirigeants indépendantistes attendus à l’automne seront un bon marqueur. Les grandes échéances sont données.

Sophie Petitjean