La députée LRM Aina Kunic s’était déjà abstenue en première lecture du projet de loi au mois d’avril. / JACQUES DEMARTHON / AFP

« Abstention, péché véniel ; vote contre, péché mortel. » La règle établie par le président du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée, Richard Ferrand, pourrait bien s’appliquer à Aina Kuric. En votant contre le projet de loi asile-immigration en nouvelle lecture dans la nuit de jeudi 26 à vendredi 27 juillet, la députée LRM s’expose à une exclusion du groupe majoritaire.

L’élue de la Marne, qui s’était déjà abstenue en première lecture en avril, a cette fois voté contre le projet de loi « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie ». C’est la seule de son groupe à avoir voté contre. Onze élus LRM se sont par ailleurs abstenus et quarante-trois ont voté pour le texte porté par Gérard Collomb.

Mme Kuric avait notamment dénoncé jeudi dans l’hémicycle l’adaptation du droit du sol à Mayotte, y voyant « une fausse solution ». Un article introduit au Sénat et approuvé par l’Assemblée jeudi (par 47 voix contre 19) exige pour les enfants nés à Mayotte que l’un de ses parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière sur le territoire national depuis plus de trois mois.

Le précédent Jean-Michel Clément

La mesure, critiquée jeudi par certains élus LRM et MoDem et par les trois groupes de gauche, qui ont échoué à la faire supprimer, est soutenue par l’exécutif au nom de la nécessité de faire face à la très forte immigration clandestine en provenance des Comores. Membre de la commission des affaires étrangères, Aina Kuric avait déposé des amendements pour supprimer cette disposition.

« Quand j’ai voté contre cette loi, je ne me suis pas posé la question, a expliqué samedi la députée à France 3 Grand Est. J’ai voté contre le fond de cette loi, mais cela ne veut pas dire que j’ai voté contre mon groupe parlementaire. Pour moi, ce sont deux choses différentes, et je pense que l’une ne devrait pas avoir d’impact sur l’autre. »

« Le bureau du groupe se réunit tous les mardis. On en saura plus à ce moment-là » sur une éventuelle exclusion de Mme Kuric, disait-on vendredi soir au sein du groupe LRM, qui compte 312 élus. « Depuis le vote, je n’ai pas eu de contact avec mon groupe parlementaire, personne ne m’a appelée, nous verrons bien lors de mon retour à l’Assemblée mardi », a commenté sur France 3 l’élue de la Marne.

En avril, Jean-Michel Clément avait annoncé se mettre « en congé » du groupe après avoir voté contre le texte asile-immigration en première lecture, le seul dans ce cas. Cet ex-socialiste siège désormais chez les non-inscrits.

Le texte « pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie » doit faire l’objet d’un ultime vote le 1er août, dernier jour de session extraordinaire, après une dernière navette avec le Sénat.